Entre janvier et juin 2025, 373 588 nouveaux électeurs issus de la jeunesse se sont inscrits sur les listes électorales, selon les données rendues publiques par ELECAM. Un chiffre qui témoigne de la montée en puissance d’une génération autrefois perçue comme désengagée, mais désormais bien déterminée à faire entendre sa voix dans les urnes.
Lors d’un point de presse tenu le 10 juillet 2025 à Yaoundé, Erik Essousse, Directeur Général des Élections, a dévoilé les statistiques actualisées du fichier électoral. En tout, plus de 400 000 nouvelles inscriptions ont été enregistrées durant cette période, portant le total provisoire d’électeurs à 8 219 210, contre environ 6,6 millions en 2018. Une progression impressionnante, dont près de 90 % est portée par les jeunes. Cette mobilisation intervient dans un contexte de renforcement de la transparence électorale, marqué par la réouverture du portail numérique d’ELECAM (www.elecam.cm).
Désormais, tout électeur peut vérifier son inscription à partir de son téléphone ou de son ordinateur. Le site, doté de nouvelles fonctionnalités et d’un niveau de sécurité accru, permet également d’accéder à des informations utiles sur le fonctionnement de l’institution, les missions d’ELECAM, ainsi que sur les activités d’éducation civique et de sensibilisation électorale. Le portail donne deux options : visiter le site institutionnel ou consulter son inscription. Pour cette dernière, il suffit de fournir soit son numéro d’inscription figurant sur la carte délivrée lors de l’enrôlement, soit des données personnelles (nom, prénoms, date et lieu de naissance, nom de la mère).
Une procédure simple, mais essentielle, dans un processus où la légitimité passe aussi par la vérification. Le toilettage du fichier électoral en cours aboutira à la publication d’une version définitive dès la clôture des révisions, consécutive à la convocation du corps électoral, signée le 11 juillet par le président de la République, S.E. Paul Biya. Ce décret officialise l’arrêt des inscriptions et marque le véritable lancement de la campagne présidentielle. Les candidats ont désormais un électorat plus jeune, plus connecté et sans doute plus exigeant à convaincre.
Pour ELECAM, l’enjeu est de garantir la fiabilité et la transparence du scrutin. En plus du site internet, les Antennes Communales de l’institution restent ouvertes pour accueillir toute réclamation ou observation concernant les listes électorales. C’est une manière d’instaurer un climat de confiance entre les électeurs et l’organe en charge des élections. Cette dynamique de participation de la jeunesse reflète une volonté croissante de faire partie du débat démocratique, dans un pays où plus de 60 % de la population a moins de 35 ans.
Si la mobilisation des jeunes peut parfois se manifester dans la rue ou sur les réseaux sociaux, l’isoloir reste l’arène la plus décisive. En s’inscrivant massivement, ces jeunes posent un acte politique fort, et pourraient, à terme, faire pencher la balance dans un scrutin souvent marqué par des rapports de force bien établis. Reste à savoir comment les différents candidats intégreront cette nouvelle donne dans leurs programmes. L’emploi, l’éducation, la santé, l’entrepreneuriat et le numérique figurent sans doute en tête des préoccupations de cette génération qui ne se contente plus d’être spectatrice. Elle veut participer, décider, peser. Et en octobre 2025, elle pourrait bien changer le cours de l’histoire.