Depuis le début des vacances, de nombreux élèves et étudiants sont actifs dans divers domaines pour gagner un peu d’argent. Leur présence dans les laveries automobiles nous parle aujourd’hui.
Jeudi 19 uin 2025. Il est 9h30 du matin derrière Carrossel, au quartier Kondengui, à Yaoundé. Sous un soleil déjà mordant, Patric E., 19 ans, en short kaki et polo délavé, s’active autour d’un vieux taxi jaune. Le regard concentré, il brosse minutieusement les pneus de la Toyota comme s’il s’agissait d’une opération chirurgicale. « C’est dans les détails que le client est content », glisse-t-il avec un sourire.
Étudiant en première année d’histoire à l’université de Yaoundé I, Patric a choisi de passer ses vacances dans cette laverie de fortune, armé d’une brosse, d’une éponge, d’un seau, du savon et des sachets de détergent. Comme lui, ils sont des centaines à s’investir chaque année dans les laveries disséminées un peu partout à Yaoundé. Mvog-Ada, Nkolbisson, Essos, Emana… chaque quartier a ses petits points de lavage improvisés où motos, voitures personnelles, taxis ou pick-ups viennent se refaire une beauté.
« C’est un bon moyen de ne pas traîner inutilement à la maison », explique Boris, 22 ans, qui travaille à côté du marché d’Ekounou. « Je peux gagner entre 3000 et 5000 F CFA par jour quand ça marche bien. Avec ça, j’achète mes fournitures ou je donne un coup de main à la maison. » Le principe est simple: dès l’aube, les jeunes installent leurs seaux, détergents, chiffons et brosses. Certains utilisent une source d’eau voisine, d’autres paient pour se ravitailler. Une moto coûte en moyenne 500 F CFA à laver, une voiture personnelle entre 1000 et 1500 F CFA, et les gros véhicules jusqu’à 2000 F CFA. Les clients affluent toute la journée, parfois avec de longues files d’attente le week-end.
« Le lavage complet, c’est extérieur, intérieur, tapis, pneus, vitres… », énumère Obono, 14 ans, l’un dès plus jeunes rencontrés à Carrossel. « C’est physique, mais mieux que de rester oisif. En plus, les clients nous respectent quand on fait du bon boulot. » Outre le gain financier, ce travail forge aussi le sens de l’organisation et de la rigueur. Les plus dynamiques parviennent à fidéliser une petite clientèle. Certains vont même plus loin: impression de tickets, carnets de lavage, promotions hebdomadaires… de véritables petits entrepreneurs en devenir. Mais tout n’est pas rose. « Quand il pleut, on ne travaille pas. Parfois, les clients ne paient pas bien, ou alors ils critiquent pour tout et rien », se plaint Rodrigue, 25 ans. « Mais bon, c’est la débrouille. » Pour beaucoup, ce travail est aussi une première initiation au monde professionnel. Ils apprennent à se lever tôt, à gérer un peu d’argent, à écouter les consignes. Et au-delà du lavage, c’est tout un apprentissage de la responsabilité. Alors que les vacances viennent à peine de commencer, ces jeunes vacanciers-laveurs se préparent à un été plein de mousse, de soleil et de billets un peu mouillés.