Comme un miracle, les routes s’ouvrent, les dons se multiplient, les forages jaillissent et les élites descendent au village. Depuis quelques semaines, l’ambiance est particulière. A quatre mois de l’élection présidentielle. Soudainement, les hommes politiques se souviennent qu’il y a des populations à écouter, des ponts à construire, des écoles à réhabiliter. Ils sillonnent le pays, micro en main, sourire aux lèvres, promesses pleines les poches. À croire que le cœur du peuple n’a jamais battu aussi fort dans le leur. Mais où étaient-ils les six dernières années ? Quand les enseignants réclamaient leur salaire, quand les malades dormaient dans les couloirs des hôpitaux, quand les jeunes criaient leur soif d’emploi… Le silence était roi. Ce réveil de dernière minute cache mal un opportunisme électoral. On tente de séduire, d’amadouer, d’acheter les consciences par quelques sacs de riz ou t-shirts aux couleurs criardes. Le peuple, lui, n’est pas dupe. Il sait que cette soudaine générosité est à durée limitée, avec comme date de péremption : le lendemain des élections. Mais peut-être qu’il est temps. Temps pour les citoyens de regarder au-delà des discours, au-delà des dons. Et de voter non pas pour ceux qui apparaissent à la veille du scrutin, mais pour ceux qui agissent même loin des projecteurs.