La session extraordinaire du Comité de Coordination Inter-Agences du Programme Élargi de Vaccination (PEV) tenue le 18 juillet par le MINSANTE visait à examiner les défis majeurs qui menacent actuellement la continuité des activités de vaccination et la prévention des maladies évitables par ce moyen.
L’objectif de cette rencontre était d’aborder en urgence les défis majeurs auxquels fait face le PEV, dont le rôle est essentiel dans la prévention des maladies évitables par la vaccination. Les discussions ont été franches et directes, avec pour ambition de dégager des solutions concertées et durables à une série de problèmes structurels et conjoncturels qui menacent la continuité du programme de vaccination au Cameroun. Cette réunion, tenue sous la présidence du Ministre de la Santé Publique, le Dr Malachie Manaouda, a rassemblé de nombreux acteurs clés, parmi lesquels des parlementaires, des représentants des partenaires techniques et financiers, ainsi que de la société civile. Parmi les principaux points abordés figure la question du financement.
Le programme subit actuellement les contrecoups d’un déficit budgétaire aggravé par la fluctuation du taux de change du dollar américain. Cette situation a entraîné un retard dans le paiement des fonds de contrepartie que l’État doit mobiliser dans le cadre du cofinancement des vaccins soutenus par l’Alliance GAVI. De plus, l’acquisition des vaccins dits traditionnels (contre la poliomyélite ou la rougeole) est également affectée par ce déséquilibre financier. Si rien n’est fait rapidement, le pays pourrait faire face à une rupture de stocks pour certains intrants, compromettant ainsi la continuité des campagnes de vaccination et la protection des populations, notamment les enfants.
Autre sujet de preoccupation: le différend fiscal opposant le Programme Élargi de Vaccination à la Direction Générale des Impôts (DGI). Cette dernière a engagé une procédure de redressement fiscal portant sur un montant de plus d’un milliard de francs CFA, au motif de taxes non reversées sur des produits pourtant subventionnés par GAVI et légalement exonérés d’impôts. Une telle situation menace directement les opérations du PEV, qui n’est pourtant qu’un organe opérationnel du ministère. À cet effet, il a été proposé qu’un règlement amiable soit trouvé entre le Ministère de la Santé et la DGI, afin de procéder à l’apurement de cette dette qui ne devrait pas, en principe, incomber au programme.
Les échanges ont également porté sur les procédures administratives et douanières liées à l’entrée des vaccins sur le territoire. Le représentant de la Direction Générale des Douanes a annoncé des mesures rassurantes : une procédure spéciale sera prochainement mise en place dans les ports et aéroports pour faciliter l’enlèvement direct des vaccins et des colis médicaux sensibles. De plus, la mise en place d’un cadre normatif spécifique a été évoquée, dans le but d’alléger les démarches administratives et financières entourant l’acquisition des vaccins. Face à ces défis, les participants à la réunion ont insisté sur la nécessité d’inscrire la vaccination parmi les causes nationales prioritaires. Cette volonté se traduirait par un engagement politique fort et un financement conséquent, permettant à terme au Cameroun de réduire sa dépendance vis-à-vis des partenaires extérieurs.
L’objectif ultime est d’assurer une prise en charge autonome et durable des populations, à travers un système de santé plus résilient. Lors de cette session, le PEV a également présenté un état des lieux de la situation épidémiologique et logistique pour le premier semestre de l’année 2025. Il ressort de cette présentation que certaines maladies évitables par la vaccination, telles que la poliomyélite, la rougeole et le tétanos néonatal, continuent de sévir dans plusieurs régions du pays. Même si la majorité des vaccins restent disponibles à ce jour, le stock d’intrants essentiels pourrait être épuisé dans les semaines à venir, si aucune mesure corrective n’est prise. Malgré ces obstacles, le Dr Malachie Manaouda s’est voulu rassurant et optimiste.
Il a salué les efforts du PEV, affirmant que le pays est en nette amélioration en ce qui concerne la couverture vaccinale. Il a souligné les progrès réalisés ces dernières années, tout en appelant à un renforcement de la synergie entre les différents acteurs pour maintenir cette dynamique positive. Cette réunion extraordinaire a permis non seulement de poser un diagnostic sans complaisance des difficultés rencontrées par le Programme Élargi de Vaccination, mais aussi d’identifier des pistes de solutions concertées. La vaccination, véritable bouclier sanitaire pour les populations, doit désormais figurer au rang des priorités nationales, afin de garantir la santé et le bien-être de tous les citoyens.