Le Conseil électoral s’est réuni ce 28 juin à Yaoundé pour faire le point sur l’évolution des inscriptions. À ce jour, 8 219 210 Camerounais figurent déjà dans le fichier électoral, dont plus de 370 000 nouveaux inscrits enregistrés depuis le début de l’année 2025.
Ce total, annoncé comme provisoire avant toilettage, inclut 373 588 nouveaux électeurs enrôlés entre le 2 janvier et le 26 juin 2025. Pour mémoire, lors de la dernière élection présidentielle, le fichier électoral ne comptait que 6 667 754 électeurs. Cette progression, bien qu’encourageante, reste modeste au regard d’une population estimée à près de 30 million d’habitants. Selon les chiffres communiqués, 3 789 859 femmes et 4 429 351 hommes composent actuellement le corps électoral. Elecam insiste sur le caractère provisoire de ces données, qui doivent encore être ajustées à l’issue du processus de toilettage, destiné à supprimer les doublons, les inscrits décédés ou les cas d’erreurs administratives.
Le détail par région n’a pas encore été dévoilé, mais il est très attendu pour analyser la répartition géographique des électeurs et détecter d’éventuelles disparités régionales. La révision du fichier électoral se poursuit jusqu’à la convocation du corps électoral par le Cher de l’État, conformément aux articles 74 et 75 du Code électoral camerounais. Cette convocation, qui mettra fin à la phase de révision des listes, est attendue au plus tard le 12 juillet, conformément aux prévisions d’Elecam. Quant à l’élection présidentielle, elle devrait se tenir le 12 octobre 2025, si le calendrier actuel est respecté.
À l’approche de ce double rendez-vous institutionnel, la mobilisation électorale demeure un enjeu majeur. Malgré les campagnes de sensibilisation, la participation aux scrutins reste historiquement faible au Cameroun. En cause: une défiance persistante vis-à-vis du système électoral, régulièrement accusé de manque de transparence et de partialité. Pour certains observateurs, la hausse du nombre d’inscrits peut signaler un regain d’intérêt pour la chose électorale, notamment chez les jeunes.
Toutefois, ce dynamisme apparent devra être confirmé dans les urnes. « Ce n’est pas seulement le nombre d’inscrits qui compte, c’est leur mobilisation le jour du vote », rappelle un analyste politique basé à Douala. Les organisations de la société civile, de leur côté, appellent à un engagement plus fort des électeurs et exhortent les autorités à garantir un processus électoral équitable. Elles s’inquiètent également du manque de communication sur les procédures de réclamation ou de modification des données d’inscription, qui reste une étape importante pour sécuriser le vote des citoyens.
Alors que les partis politiques affûtent leurs stratégies, le Conseil électoral poursuit ses préparatifs. Les formations politiques sont invitées à former leurs représentants pour les bureaux de vote, tandis que les missions d’observation électorale commencent à s’organiser. Elecam, de son côté, se veut rassurant: le fichier sera mis à jour et finalisé à temps pour garantir des élections libres et crédibles. Reste à savoir si les électeurs répondront présents dans les urnes et si le scrutin pourra se dérouler dans un climat apaisé. Le compte à rebours est lancé. Et avec plus de 8,2 million d’électeurs potentiels déjà recensés, le Cameroun s’apprête à vivre une nouvelle page de son histoire démocratique.