Il fut un temps où le peigne et le beurre de karité suffisaient à dompter une chevelure. Où les cils étaient courts, mais vrais. Où les ongles, même cassés, racontaient une journée bien remplie. Aujourd’hui, le naturel est devenu un luxe. Et dans notre société de l’illusion bien présentée, le faux règne en roi : faux cheveux, faux cils, faux ongles, faux fessiers… Seuls les filtres n’ont pas encore été greffés au visage. On dit que c’est pour “se sentir bien dans sa peau”. Mais quelle peau, au juste ? Celle qu’on maquille jusqu’à l’étouffer ? Celle qu’on lisse à coups de fond de teint, jusqu’à ce qu’elle perde toute mémoire ? Le vrai est désormais réservé aux albums photos d’antan, jaunis par le temps. Certes, chacun est libre de se coiffer, se maquiller, s’embellir à sa manière. Le paradoxe, c’est que l’on s’éloigne de plus en plus de soi pour ressembler à tout le monde. À force de vouloir plaire, on en oublie ce qui nous rend singuliers. Mais quand tout le monde finit par se ressembler, qui célèbre encore sa singularité ? Le miroir ne reflète plus qu’un masque. Peut-être que le naturel redeviendra tendance. En attendant, on applaudit des mains manucurées en plastique, en souriant sous des lèvres redessinées. Le spectacle continue.