Daloutou Hamada a été le premier à déposer officiellement sa candidature à la présidentielle du 12 octobre prochain à la délégation régionale d’Elections Cameroon (ELECAM) dans l’Adamaoua.
Il n’a que 31 ans, mais déjà l’ambition d’un présidentiable. Le 21 juillet 2025, Daloutou Hamada a été le premier citoyen à déposer officiellement sa candidature à la présidentielle du 12 octobre prochain. La scène s’est déroulée à la délégation régionale d’Elections Cameroon (ELECAM) dans l’Adamaoua, plus précisément à Ngaoundéré. Originaire de Tibati, dans le département du Djérem, ce jeune homme né le 17 mai 1994 n’entend pas seulement participer à une élection. Il veut poser un acte fort : contester, par sa démarche, une disposition de la loi électorale camerounaise qu’il juge discriminatoire.
En effet, l’article 117 du Code électoral stipule que tout candidat à l’élection présidentielle doit être âgé d’au moins trente-cinq (35) ans révolus à la date du scrutin. Mais pour Daloutou Hamada, cette barrière d’âge constitue un verrou obsolète qui exclut une large frange de la jeunesse de la gestion du pouvoir suprême. En se présentant à 31 ans, il entend provoquer un débat de fond sur l’inclusivité démocratique et la représentativité des jeunes dans les hautes sphères de l’État.
« L’heure est venue pour la jeunesse de se lever, non pas pour observer, mais pour agir », aurait-il déclaré à l’issue du dépôt de son dossier, selon des propos rapportés par Château News 24. Si son dossier risque fort d’être rejeté en raison du non-respect de l’âge requis, Daloutou Hamada ne se fait pas d’illusions. Mais pour lui, l’essentiel est ailleurs : il veut interpeller l’opinion nationale et internationale sur la nécessité d’ouvrir le champ politique à la jeunesse, notamment dans un pays où la majorité de la population a moins de 30 ans, mais reste marginalisée dans les processus décisionnels. Son geste, perçu par certains comme utopique, est en réalité hautement symbolique dans un contexte où les candidatures à la présidentielle sont généralement perçues comme l’apanage d’une élite politique vieillissante et verrouillée.
Ce dépôt de candidature remet ainsi sur la table l’épineuse question de la réforme du Code électoral. Plusieurs voix, y compris au sein de la société civile et de l’opposition, réclament depuis des années une refonte en profondeur du texte pour le rendre plus inclusif, plus transparent et plus en phase avec les aspirations démocratiques du pays. Daloutou Hamada, par son audace, pourrait bien devenir le porte-voix d’une jeunesse en quête de rupture et de représentativité. Dans une campagne électorale où les regards sont braqués sur d’éventuelles candidatures de poids lourds comme celle du président sortant Paul Biya, âgé de 92 ans, l’initiative de Daloutou Hamada vient injecter un souffle inattendu.
Elle rappelle que la question de la transition générationnelle n’est pas un slogan de campagne, mais une attente réelle au sein de la jeunesse camerounaise. Pour l’heure, la commission régionale d’ELECAM devra transmettre son dossier au siège national pour analyse. Rejet ou validation, ce dépôt ne passera pas inaperçu. Il pourrait bien marquer un tournant symbolique dans l’histoire politique contemporaine du Cameroun.