La publication des résultats du baccalauréat général 2025, a laissé un goût amer dans la bouche de nombreux candidats et leurs familles. Derrière les chiffres globaux se cachent des rêves brisés, des espoirs suspendus, et une jeunesse déboussolée par un échec inattendu.
Après les résultats du baccalauréat, les scènes sont similaires dans toutes les villes : cris de joie, accolades, mais aussi regards perdus, silences lourds, téléphones posés à terre, statuts WhatsApp en noir et blanc. Pour de nombreux recalés, c’est l’incompréhension. Certains avaient déjà entamé des cours préparatoires aux concours, d’autres avaient prévu leur rentrée universitaire. « Je suivais déjà les cours pour le concours de médecine », confie Clara, élève en Terminale D. « J’avais commencé à payer les polycopiés. Actuellement n’ai même pas le courage de rentrer à la maison. »
Comme elle, ils sont nombreux à avoir misé sur leur réussite. Parents et élèves avaient déjà anticipé la suite : orientation, logement, frais d’inscription, tout semblait calé. Selon l’Office du Baccalauréat du Cameroun (OBC), le taux de réussite pour le bac général 2025 est estimé à environ 47%, un chiffre en légère hausse par rapport à l’an dernier. Certaines séries, notamment A4 Espagnol, affichent des résultats particulièrement décevants. « On avait l’impression d’être prêts, » explique Kevin, élève en série C. « On a bossé dur, on a supporté les grèves, les absences de profs, les coupures d’électricité, et au final, c’est l’échec. Je ne comprends pas. » Au-delà de l’aspect académique, c’est le choc psychologique qui inquiète. L’échec au baccalauréat est souvent vécu comme une humiliation, une honte à cacher.
Dans une société où le diplôme est perçu comme la clé de la réussite, la non-admission est parfois vécue comme une sentence sociale. Dans certains quartiers, on murmure, on évite les regards, on efface les publications de fête. « Je n’ose plus sortir depuis que les résultats sont tombés, » confie Christelle. « Tout le monde me pose la même question : ‘Alors, tu as eu ton bac ?’ Je n’en peux plus. » Pourtant, l’échec n’est pas une fin. C’est un message dur, mais qui peut être transformé en rebond. Les professionnels de l’éducation appellent à relativiser, à accompagner psychologiquement les élèves recalés, à leur rappeler qu’ils ne sont pas seuls et qu’il existe d’autres voies : reprise de classe, réorientation, formations courtes, apprentissages.
« Le bac est un diplôme important, mais ce n’est pas une fin en soi, » rappelle un conseiller d’orientation. « L’échec peut être transformé en tremplin, à condition de ne pas s’enfermer dans le découragement. » Cependant, il faut reconnaître que, les parents, souvent démunis, peinent à gérer la frustration de leurs enfants. Ils ne savent pas s’il faut pour leurs enfants, de refaire l’année, changer de voie, ou tout simplement faire une pause. Du côté des admis, l’ambiance est à la fête. Mais là aussi, la suite est floue. Certaines filières universitaires sont saturées, les débouchés incertains, les frais d’inscription élevés. Obtenir le bac, ce n’est que franchir une porte. Le vrai parcours commence ensuite. Pour les recalés, il faut du courage, du temps, et surtout de l’espoir. La vie n’est pas un concours à une seule tentative. Et comme le dit un proverbe camerounais : « ce n’est pas le premier arbre qui donne les meilleurs fruits. »