Face au coût élevé des fournitures scolaires, de nombreuses familles se tournent vers le troc d’anciens vêtements, cartables ou livres, que ce soit lors de vides-greniers ou au sein de leur entourage. Un réflexe à la fois économique et solidaire.
Sur une nappe posée à même le sol: des cartables usés mais encore solides, des livres de français, de maths ou de SVT… Tout y passe. À l’ombre d’un manguier, des parents discutent, échangent, marchandent… sans sortir un seul franc. « J’ai apporté les anciens livres de ma fille qui entre en 5e, et je suis repartie avec des cahiers et un sac en bon état pour mon fils qui fait son entrée au CP », se réjouit Clarisse, mère de trois enfants. « C’est plus pratique et surtout ça évite les grosses dépenses à la rentrée », ajoute-t-elle.
Dans une autre famille à Essos, même principe: le troc se fait entre cousins, voisines ou collègues. « On ne jette plus rien ici », lance Mathilde, enseignante. « Dès qu’un enfant monte de classe, on fait tourner les affaires. Mon neveu a hérité des livres de ma fille et moi j’ai récupéré un cartable presque neuf pour mon cadet ». Au-delà de l’économie réalisée, ce système renforce les liens sociaux. « Ça nous permet de nous entraider.
Et les enfants aussi comprennent que recycler, c’est utile », confie Alain, père de famille. Dès les premières lueurs du matin, certaines familles prennent la direction des vide-greniers, espérant faire de bonnes affaires avant la rentrée. Dans un quartier comme Essos, à Yaoundé, ces espaces improvisés attirent de plus en plus de parents et d’enfants. Entre piles de cartables usagés, uniformes encore en bon état et manuels scolaires soigneusement empilés sur des nattes, l’ambiance est à la recherche et à la négociation. « Je suis venue tôt pour trouver un bon cartable à mon fils.
Neuf, c’est trop cher. Ici, avec 2 000 ou 3 000 francs, je peux m’en sortir », confie Nadine, mère de trois enfants. Ce réflexe d’achat d’occasion devient une véritable alternative pour ceux qui souhaitent limiter les dépenses tout en préparant leurs enfants pour la nouvelle année scolaire. Alors que les dépenses liées à la rentrée deviennent de plus en plus pesantes, ces formes d’échange gagnent du terrain dans les quartiers. Un retour au bon sens, qui conjugue solidarité, écologie et débrouillardise.