Né de la rareté des pièces en circulation, ce commerce d’un autre genre s’est transformé en une source de revenus non négligeable pour certains jeunes.
Pendant que d’autres passaient leurs à ne rien faire, d’autres comme Lionel ont mis ce temps à profit pour gagner de l’argent. Sur les conseils de sa mère, ce jeune lycéen s’est lancé dans la vente de monnaie, une activité aussi informelle que cruciale dans une ville où la rareté de la petite monnaie perturbe les transactions au quotidien.
Chaque matin, sa mère lui remet 500 000 F CFA. Sa mission ? Les classer en lots de 5 000 F qu’il revend à 5 100 F, réalisant ainsi un bénéfice direct de 100 F par lot. « Je pouvais me faire entre 2 000 et 5 000 F par jour, parfois même plus quand la demande était forte », confie-t-il.
Mais derrière cette apparente facilité, le métier exige une grande rigueur. « Le plus difficile, est la concentration lors du comptage. Il m’est arrivé de faire des lots de 5 500 F ou 4 800 F par erreur. Il fallait tout recommencer », explique-t-il. La recherche de la monnaie elle-même représente un casse-tête : quand sa mère n’en avait pas assez, il devait arpenter les stations-service et le marché Mfoundi pour en trouver.
Ce commerce est très recherché par les commerçants, les taximen et les boutiquiers, qui ont constamment besoin de monnaie pour les rendus. Certains vendeurs vont jusqu’à vendre 1 000 F en pièces contre 1 100 F, surtout en période de forte demande.
Dans certains cas, des stratégies sont mises en place pour maximiser les profits : combiner cette activité à la vente d’objets (bijoux, cartes de recharge, etc.) pour rentabiliser le temps passé. Si cette activité peut paraître anodine, elle révèle la capacité d’adaptation et de débrouillardise des jeunes à Yaoundé. Au-delà des bénéfices, elle leur apprend aussi la gestion, l’endurance et le sens des responsabilités.