Après plusieurs mois d’activités académiques, les vacances scolaires devraient être un moment de repos pour les jeunes scolarisés. Pourtant, cette période n’est pas vécue de la même manière par tous les vacanciers.
Ngousso, 8h30. Les mains plongées dans un seau d’eau savonneuse, Kevin, 14 ans, frotte le sol du petit salon. Depuis l’accident qui a cloué sa mère sur une chaise roulante il y’a 4 mois, c’est lui, l’aîné, qui s’occupe de la maison : balayer, laver, faire les courses… Pendant que ses camarades profitent de ces vacances pour jouer ou voyager, Kevin enchaîne les tâches à la maison. « Pendant les vacances, on reste souvent chez notre grand-mère à Odza. Mais en attendant que papa prenne une ménagère comme il avait dit on ne peut pas partir. », raconte-t-il. À quelques mètres de là, Pascal et sa petite sœur Prisca, se tiennent derrière un comptoir en bois. Alignant soigneusement les grappes de bananes, l’objectif du jour ? Vendre rapidement la marchandise pour se rendre à l’anniversaire de leur cousine.
L’une des rares activités qu’ils peuvent se permettre lors des vacances. Pour Kevin, Pascal et Prisca, la trêve scolaire n’a pas vraiment le goût de repos : elle rime plutôt avec corvées et petits boulots. Cependant, certains jeunes ne perçoivent pas vraiment l’importance des vacances et choisissent intentionnellement de les ignorer. C’est le cas d’Emeraude Owoutou, étudiant en deuxième année au Rapus International Institute School (RIIS). À ses yeux, « ce n’est pas une période spéciale », confie-t-il. Depuis l’accident de moto qui a coûté la vie à son frère cadet, ses parents sont très stricts sur les sorties et les déplacements, surtout pendant les vacances scolaires. « Ils veulent qu’on reste prudents, qu’on évite les risques. Alors vacances ou pas, je reste à la maison.
Et ça ne me dérange pas puisque je suis très casanier », explique Émeraude. Sa routine pendant les vacances ? : jouer aux jeux vidéo dès la matinée. Et lorsqu’il sort enfin de sa chambre dans l’après-midi, aider un peu à la maison (balayer le salon, ranger sa chambre, faire la vaisselle) même s’il avoue ne pas être très fan des tâches ménagères. « Par jour de dois au moins faire une tâche ménagère à la maison pendant les vacances. Sinon c’est le bavardage » raconte-t-il.Si les vacances scolaires sont souvent perçues comme une période de détente, elles représentent pour une part significative des jeunes camerounais un moment de travail, parfois forcé. Selon l’UNICEF, 47 % des enfants âgés de 5 à 17 ans au Cameroun sont engagés dans des activités professionnelles, ou ménagères souvent au détriment de leur scolarité et de leur bien-être.
Parmi ces enfants, une proportion importante travaille dans des conditions dangereuses, notamment dans l’agriculture, le commerce de rue ou les services domestiques. Cette situation est particulièrement marquée en milieu rural, où les jeunes sont souvent contraints de participer aux activités économiques familiales. Par exemple, dans certaines régions du pays, le taux de travail des enfants peut atteindre jusqu’à 40,7 %, contre 16,6 % en milieu urbain.