Le lundi 6 octobre 2025, jour de reprise de la grève du SYNES, les cours se poursuivent dans plusieurs facultés. Le mot d’ordre est suivi partiellement.
Malgré l’appel à la grève renouvelée par le Bureau exécutif national du SYNES, le campus de l’Université de Yaoundé I ne donne pas l’impression d’un arrêt généralisé. En cette matinée du lundi 6 octobre, jour de reprise officielle de la grève annoncée pour la période du 6 au 12 octobre, plusieurs étudiants ont été vus entrants dans les salles de cours, cartables au dos et ordinateurs à la main. Dans l’amphithéâtre 1001, un cours de Biosciences se déroule normalement. Interrogée dans le campus, une étudiante en troisième année de chimie déclare : « On sait que les enseignants sont en grève, mais certains ont quand même choisi d’assurer leurs cours. On ne peut pas se permettre de perdre encore du temps. » Dans un communiqué publié le 4 octobre 2025, le BEN-SYNES a rappelé le maintien de la grève générale dans les universités d’État.
Le syndicat déplore l’inaction du gouvernement face à une dette académique vieille de plusieurs années, la non-prise en compte des vacations, encadrements, jurys et autres prestations, ainsi que le non-paiement des allocations de recherche. « Cela fait 21 ans que nous accumulons les arriérés. L’État nous ignore. Nous avons décidé d’intensifier la pression », confiait un enseignant syndiqué, sous anonymat, rencontré dans les couloirs du campus. À la Faculté des sciences, plusieurs cours magistraux ont été dispensés. Idem à l’École nationale supérieure polytechnique où l’on observe une présence timide, mais régulière d’enseignants. Selon le professeur Zebaze, membre du syndicat, la situation est liée à l’absence d’un consensus strict sur le terrain. « Tous les enseignants ne sont pas syndiqués. D’autres, tout en étant membres du SYNES, préfèrent assurer les cours pour ne pas pénaliser les étudiants, surtout ceux en année d’examen. »
Une jeunesse entre deux feux
Dans un contexte électoral marqué par l’imminence de la présidentielle du 12 octobre, la situation dans les universités inquiète. Les étudiants, nombreux à s’être mobilisés dans les meetings politiques ces derniers jours, se disent épuisés par les incertitudes académiques. « On veut bien croire aux promesses des candidats, mais on attend surtout des solutions concrètes pour notre avenir », lâche Roland Nsimi, étudiant en droit. Le SYNES maintient son calendrier de grève pour octobre, avec une seconde séquence prévue du 20 au 26. Il appelle à la mobilisation de tous les enseignants et rappelle l’importance d’un vote citoyen le 12 octobre. Reste à savoir si les autorités entendront l’appel d’un corps enseignant de plus en plus amer. En attendant, sur les campus, la vie académique se poursuit, tant bien que mal, entre devoirs à rendre, examens annoncés et incertitudes persistantes.