À quelques semaines de la rentrée scolaire, les ateliers de couture de Yaoundé sont pris d’assaut. Dans certains quartiers, les machines ronronnent déjà à plein régime, tandis que dans d’autres, les couturières attendent encore les premiers tissus.
Au quartier Efoulan, le samedi 16 août 2025, l’atelier de « Maman Odette », une couturière reconnue du coin, bourdonne d’activité. Sous son auvent de fortune, elle est assise devant sa machine à coudre, les yeux concentrés sur l’uniforme bleu marine d’un petit garçon. À côté d’elle, des piles de tissus attendent leur tour. « Je commence à avoir du monde depuis le mois de juillet. Il est bien vrai que les commandes ont déjà baissé depuis là. Mais j’en reçois encore. Les mamans ne veulent plus attendre la dernière minute », confie-t-elle en ajustant une poche sur une chemise.
À l’entrée de son atelier, plusieurs mères sont alignées, échantillons en main, venues s’assurer que leurs enfants seront prêts le jour J. « Je suis venue vérifier que tout ne se passe pas et que la tenue de mon enfant sera prête à temps. Parce qu’avec ces couturières il faut toujours se rassure, car parmi elles, se trouvent des malhonnêtes. La tenue de classe est la chose à laquelle je pense toujours en premier lieu, car c’est indispensable », confie Martha, mère d’enfant.
Mais à quelques kilomètres de là, dans un atelier modeste à Melen, l’ambiance est tout autre. Awa, couturière depuis plus de dix ans, se tourne les pouces. « Je n’ai reçu que deux tenues jusqu’ici. Les années passées, à cette période, je croulais déjà sous les commandes. Mais ça devient de plus en plus compliqué. La concurrence est rude. J’ai eu un accident, il y a de cela deux ans, ce qui m’a obligée à ne plus exercer. Lorsque je me suis remise sur pied, mais clients s’étaient déjà abonnés ailleurs », déplore-t-elle.
À côté d’elle, une machine silencieuse, une chaise vide et un atelier presque désert témoignent d’une rentrée encore incertaine pour certains. Cette disparité s’explique, selon certains parents, par la situation économique. « Les fournitures scolaires coûtent cher cette année, alors on priorise d’abord les cahiers, les sacs, on verra les tenues après. », explique Mireille, mère de deux enfants. Entre ceux qui anticipent et ceux qui attendent le dernier moment, les ateliers de couture vivent au rythme d’une rentrée aux visages multiples.