Depuis la proclamation des résultats de la présidentielle du 12 octobre 2025, une psychose s’est installée dans plusieurs villes. Parents, enseignants et apprenants redoutent les débordements provoqués par la réélection de Paul Biya, crédité de 53,66 % des voix.
À Yaoundé, Douala, Garoua ou encore Bafoussam, les établissements scolaires et universitaires tournent au ralenti. De nombreux élèves manquent à l’appel. Les familles préfèrent garder leurs enfants à la maison, craignant les affrontements qui éclatent régulièrement dans les rues. « Les élèves ne viennent plus. Les parents ont peur des manifestations qui se perpétuent dans la rue », confie Maurice Kom, principal d’un collège de la capitale.
Cette peur grandissante s’inscrit dans un contexte de fortes tensions post-électorales. Depuis plusieurs jours, les artères des grandes villes se sont transformées en scènes de colère et de désarroi. Des milliers de jeunes descendent dans la rue pour contester les résultats officiels du scrutin. Les forces de maintien de l’ordre, massivement déployées, tentent de contenir ces débordements qui plongent le pays dans un climat d’incertitude et d’insécurité.
Les manifestants, pour la plupart des jeunes, revendiquent la victoire du candidat du Front pour le Salut National du Cameroun (FSNC), Issa Tchiroma Bakary, arrivé en deuxième position avec 35,19 % des suffrages. Selon eux, le scrutin a été entaché de fraudes massives, et les résultats proclamés par le Conseil constitutionnel ne reflètent pas la volonté populaire. À Douala, Yaoundé, Garoua et Dschang, les rassemblements improvisés dégénèrent rapidement : routes bloquées, pneus en feu, jets de pierres et affrontements violents opposent manifestants et forces de l’ordre.
On compte déjà plus de 300 interpellations sur l’ensemble du territoire. Les personnes arrêtées, majoritairement âgées de 18 à 35 ans, sont accusées de troubles à l’ordre public, de destruction de biens et d’attroupements illégaux. Le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a rappelé la légitimité du scrutin : « Les élections se sont déroulées dans la transparence et le calme. Les résultats proclamés par le Conseil constitutionnel sont définitifs et doivent être respectés. Toute contestation doit suivre les voies légales. »
Mais malgré cet appel à la retenue, la tension reste vive. Plusieurs organisations de la société civile dénoncent un usage excessif de la force et font état de nombreux blessés. Dans certaines zones, les habitants n’osent plus sortir de chez eux, redoutant des affrontements soudains. Alors que la communauté internationale appelle au dialogue, le Cameroun fait face à un double défi : rétablir la confiance dans ses institutions et ramener la sérénité dans un pays où la peur s’est installée jusque dans les écoles.
































































