Entre 40 000 et 70 000 francs CFA par mois : c’est ce que François gagne en fouillant les poubelles du quartier Ngousso et ses environs.
François, 32 ans, ne pensait pas finir là. Vigile pendant plusieurs années, il a perdu son poste il y a cinq ans. Depuis, ses journées commencent au pied des tas d’ordures. « Je ramasse surtout le plastique et les bouteilles en verre. Un kilogramme de plastique, je le vends entre 150 et 200 francs.
L’aluminium, c’est plus cher : jusqu’à 500 francs le kilo. Si je tombe sur du cuivre, là c’est 1500 francs le kilo », explique-t-il. La réalité reste aléatoire. Dans une bonne journée, François peut rentrer avec 2000 à 3000 francs. Mais il y a aussi ces soirs où ses efforts ne rapportent pas plus de 1000 francs.
À la fin du mois, ses revenus oscillent entre 40 000 et 70 000 francs CFA. Pas assez pour rêver grand, mais suffisant pour nourrir ses deux enfants et payer son loyer. « C’est très difficile! Mais c’est toujours mieux que de rester les bras croisés » Amina, 9 ans, fouille les poubelles pour une autre raison : aller à l’école. « Moi je cherche pour avoir mes cahiers », dit-elle.
Le circuit semble pourtant bien rodé : Les fouilleurs vendent leur récolte à des collecteurs, qui paient au kilo et regroupent des centaines de sacs avant de les céder à des grossistes. Les plastiques et métaux collectés prennent ensuite la route de Douala, où certaines usines de recyclage locales les transforment, et d’autres lots partent vers l’export.
Les marges sont faibles, mais pour beaucoup de jeunes sans capital, c’est un « métier » accessible : pas besoin de fonds de départ, juste du courage, un sac et beaucoup d’endurance. « Ici, même entre nous, c’est la loi du plus fort », raconte François. « Quand tu viens fouiller tu dois toujours avoir ton sac sur toi. Même si ça pèse. Si ton sac est trop gros, on peut te voler. Quand ils sont gentils, ils laissent au moins ton sac vide ».