D’abord simple passe-temps, le crochet est devenu pour certaines étudiantes une activité économique à part entière.
« J’ai découvert le crochet toute petite grâce à ma maman qui tricotait à ses heures perdues », raconte Ingrid Angoni, étudiante en licence 3 à la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université Catholique d’Afrique Centrale. Longtemps cantonnée au statut de loisir, sa passion prend un tournant inattendu le jour où elle poste une de ses créations sur WhatsApp. « Les gens ont commencé à apprécier mes créations et à me demander les prix. C’est là que j’ai pensé à en faire un petit business. ».
Chapeaux, scrunchies (chouchou/ chichi), nappes, maillots de bain ou jupes : Ingrid varie les modèles. Selon le modèle, il lui faut une heure, trois heures, ou plusieurs jours. Pour tenir la cadence pendant l’année, elle a décidé de s’organiser : « Je travaille surtout les week-ends et pendant les vacances, pour avoir du stock quand l’année académique reprend. » Les commandes viennent principalement du bouche-à-oreille et des réseaux sociaux. « Je ne gagne pas encore de revenu régulier, mais ça couvre mes petits besoins et me permet de racheter du matériel », explique-t-elle.
Pour lancer son activité, Ingrid a dû faire attention à ses dépenses. « Au début, je n’avais pas beaucoup d’argent, alors j’ai commencé petit », explique-t-elle. Avec environ 10 000 FCFA, elle a acheté ses premières pelotes et crochets, juste assez pour tester ses créations. Le coût du matériel reste un défi, surtout pour les modèles plus complexes ou les laines de meilleure qualité.
« Quand le prix du matériel est élevé, je fais mes achats par petites quantités et je compare les boutiques ou les marchés en ligne. Parfois, je dois attendre un peu avant de pouvoir me procurer certains fils », précise-t-elle. Comme Ingrid, Sandrine Talla, étudiante en deuxième année de lettres modernes à l’Université de Yaoundé I, a trouvé dans le crochet une activité qui la passionne. « J’avais beaucoup de temps libre puisque j’étais en seconde, et j’ai commencé à apprendre à tricoter grâce aux tutoriels sur YouTube ».
Contrairement à Ingrid, Sandrine travaille surtout sur commande pour éviter de gaspiller du matériel. « Je vends trois ou quatre pièces par mois, surtout des tops et des sacs. Les prix varient entre 5 000 et 15 000 FCFA, selon la complexité. » L’argent qu’elle gagne lui permet d’acheter des livres, financer des sorties ou compléter ses dépenses quotidiennes.
Malgré des revenus encore irréguliers, les deux étudiantes y voient un potentiel. Ingrid rêve de créer sa propre marque de vêtements faits mains. Sandrine, elle, imagine lancer une petite boutique en ligne dédiée au crochet pour les étudiants.