“Le Recteur bafoue nos droits, c’est injuste”
Vous annoncez une grève illimitée à partir du 24 octobre prochain. Pouvez-vous nous expliquer les principales raisons qui ont poussé le collectif du Personnel d’Appui à la déclencher ?
Pour comprendre le différend entre les personnels d’appuis de l’université de Maroua et Administration Universitaire, revenons à la genèse du problème. Lors de mon élection le 1er juin 2023 par l’Assemblée générale des personnels d’appuis, il m’a été recommandé de trouver des solutions aux points suivants : Le problème de la CNPS ; l’assurance des personnels d’appuis de l’université de Maroua ; l’harmonisation des retenues sur salaire. Il se trouve que les personnels d’appuis de l’université de Maroua sont taxés plus que dans d’autres métiers de l’État. Notons qu’un enseignant de rang magistral est prélevé 2000 F pour la redevance audiovisuelle, pourtant le personnel d’appui de la 7e catégorie à l’université de Maroua payent 3250 F. Il nous avait été demandé aussi de faire un plaidoyer pour le paiement des arriérés liés SMIG de 2014.
Est-ce que vous vous êtes faits entendre par le Recteur ?
Effectivement. D’ailleurs les rapports étaient au beau fixe entre l’administration universitaire et le bureau régional du syndicat des personnels d’appuis. Nous avons même eu un accord de monsieur le Recteur, le Professeur Idrissou Alioum pour le prélèvement des retenues à la source sur les comptes des personnels d’appuis bien sûr avec leurs accords. Il était question d’autonomiser le syndicat de l’université de Maroua. Nous avons même ouvert un compte bancaire dans une entreprise de la place.
A quel moment les choses se sont gâtées entre les deux parties ?
Les rapports sont devenus tendus suite au mot d’ordre de grève du 07 février 2024. La grève a été Initiée par le Président National du Syndicat National des personnels d’appuis du Cameroun. Les revendications étaient suivantes : la mise sur pied d’un profil de carrière des personnels d’appuis, le paiement des allocations familiales CNPS, le paiement des différentes augmentations accordées par le Président de la République aux personnels d’appuis. En outre, le lendemain de la grève du 07 février 2024, l’administration de l’Université s’est investi dans les brimades et l’oppression des Syndicalistes. Un mois après la grève les personnels d’appuis grévistes sont affectés urgemment avec un délai d’une semaine.
Dans votre communiqué vous avez évoqué des brimades du recteur et certains de ces collaborateurs. De quoi il s’agit ?
Des manœuvres frauduleuses sont allés jusqu’à vouloir destituer notre bureau légitime et légal. En violation de la convention 135 de l’Organisation Internationale du Travail, qui stipule que “ les représentants des travailleurs dans l’entreprise doivent bénéficier d’une protection efficace contre toutes mesures qui pourraient leur porter préjudice y compris le licenciement, et qui serait motivées par leurs activités de représentants des travailleurs, leur affiliation syndicale, ou leur participation à des activités syndicales, pour autant qu’ils agissent conformément aux lois, conventions collectives ou autres arrangements conventionnels en vigueur.”
A quel moment le Recteur a t’il fait une entorse à vos droits ?
Le Recteur de l’Université de Maroua a bafoué les règles qui protègent l’activité syndicale. Citons entre autres : Les affectations disciplinaires du 11 Mars 2024, une brimade que plusieurs personnels d’appuis subissent jusqu’à présent. Les frais de relève sont à tête chercheuse, d’autres ont reçu leurs frais et d’autres sont oubliés. Certains personnels d’appuis ont démissionné à cause de cette situation ; les nominations du 22 Octobre 2024, les personnels d’appuis de l’université de Maroua ont été lourdement sanctionnés. Les grévistes ont payé de leur poste ; une dizaine de syndicalistes sont licenciés ou en cours de licenciement. Le Président régional du syndicat des personnels d’appuis lui-même n’a pas échappé au rouleau compresseur l’administration de l’Université de Maroua.
Et vous, qu’avez-vous subit comme brimades ?
Depuis le 06 Août 2025, alors que je suis en congé, une demande de licenciement a été adressée au Délégué du Travail. Sans attendre la période de conciliation le Recteur de l’université de Maroua le Professeur Idrissou Alioum a décidé de me suspendre. Ça fait deux mois que je suis au chômage, le mois dernier mon salaire a été suspendu. Tout cet acharnement c’est parce que nous avons adressé une lettre pour le relancer par rapport à notre situation de paiement des allocations familiales. Rappelons-nous avions adressé une lettre au DG en 2023, comme il n’y avait pas de changement nous l’avons saisi par voie d’huissier en 2025.
Qu’attendez-vous au sortir de cette grève ?
Nous les personnels d’appuis de l’université de Maroua nous demandons juste un peu de respect et de dignité. Notre grève illimitée du vendredi 24 Octobre 2025 sera structurée et organisé. Elle se fera dans la Paix. Nos revendications portent sur : Le respect des personnels d’appuis par le Recteur et certains de ces collaborateurs ; Nous ne voulons pas de ces brimades administratives qui sèment la pauvreté et la tristesse dans les familles. Nous ne voulons plus des licenciements abusifs. Le paiement régulier de nos allocations familiales par la CNPS ; le paiement des arriérés liés à l’application du Décret 2014/2217/PM du 24 juillet 2014 portant revalorisation du SMIG ; lls paiement des différentes augmentations accordées par le Président de la République aux personnels d’appuis ; à savoir l’augmentation de 5,2%et 5% dans les salaires. L’application du Décret du 21 Mars 2023, portant revalorisation du SMIG à 41875 F CFA ; la mise en place d’un profil de carrière pour les personnels d’appuis.
Au milieu de cette cacophonie avez-vous au moins reçu le soutien de certaines autorités ?
Ces revendications ont été évoquées à plusieurs reprises par les organes syndicaux des personnels d’appuis du Cameroun. Nous ne faisons qu’un rappel. Pour le soutien nous avons les autorités administratives de la région de l’Extrême- Nord, particulièrement le Gouverneur, le Préfet du Diamaré et le Délégué Régional du Travail et de Sécurité Sociale ils ont toujours été à l’écoute de nos préoccupations.