Toujours dans le cadre de la 29ᵉ édition du festival Écrans Noirs,la projection de The Village Next to Paradise a eu lieu le 23 septembre 2025 dans la salle du complexe UY1. Premier long métrage du cinéaste somalien Mo Harawe, le film nous emmène au cœur d’un village où la guerre, la pauvreté et la sécheresse semblent dicter la vie des habitants.
Le film commence par une voix de radio qui annonce : « Une frappe de drone a eu lieu ce matin sur un leader présumé d’Al-Shabab. » La scène montre Mamargade en train de creuser une tombe sous le soleil brûlant. Père célibataire, fossoyeur de son état, chaque jour, il s’épuise pour nourrir son fils, le petit Cigaal, qu’il rêve d’envoyer à l’école. Plus tard, Araweelo, la sœur de Mamargade, revient au village après son divorce.
Elle apporte un souffle de renouveau et des rêves d’indépendance : ouvrir un atelier de couture, créer ses propres vêtements et gagner sa vie. Mais la société ne lui facilite pas la tâche. Une femme seule ne peut obtenir de prêt, et la communauté attend d’elle qu’elle soit avant tout mère et épouse. Ses projets se heurtent aux traditions, aux limites imposées par la pauvreté et aux jugements des autres. Puis vient un événement décisif : l’école du village ferme. Mamargade doit prendre une décision cruciale.
Il peut laisser son fils sans instruction ou l’envoyer dans un internat dans une ville plus éloignée. Le coût est élevé, le trajet dangereux, mais il choisit de tenter le tout pour le tout. La scène du départ est émouvante : Cigaal regarde le village s’éloigner depuis le car, et Mamargade serre les poings, conscient des sacrifices à venir. Au fil des scènes suivantes, le film montre les efforts de Mamargade pour continuer à subvenir aux besoins de son fils, tandis qu’Araweelo commence timidement à installer son atelier de couture, cousant des tissus qu’elle vend au marché.
Cigaal s’adapte tant bien que mal à la vie en internat, apprenant de nouvelles matières. Le film ne se conclut pas sur une victoire : le village reste marqué par la sécheresse et la pauvreté, les défis sont toujours là. Mais il se termine sur une note d’espoir : Mamargade continue de lutter, Araweelo de créer, et Cigaal d’espérer. Le paradis, au sens propre comme au figuré, reste hors de portée, mais l’horizon vers lequel ces vies se tournent montre que «la persévérance et la dignité sont plus fortes que l’adversité».