Dans les taxis, l’habitacle se transforme souvent en salon de discussion où passagers et chauffeur échangent anecdotes et confidences. Tantôt légères tantôt sérieuses, ces débats donnent lieu à des éclats de rire, des élans de compassion, mais aussi à quelques contradictions passionnées qui animent le voyage.
Il suffit parfois de monter dans un taxi pour découvrir les récits les plus inattendus. Pratiques mystiques, disparitions inexpliquées. Chacun y va de son anecdote. Par exemple, le 20 août 2025, au milieu d’un brouhaha, la conversation se fait plus attentive lorsqu’une voix s’élève depuis l’avant. C’est une jeune femme, qui prend la parole pour raconter son expérience. Elle est en première année à l’université de Douala lorsque tout bascule. Issue d’une famille modeste, son quotidien se résume en un mot : « la galère ».
Dans sa classe, il y a une « porteuse » avec qui elle finit par devenir amie. Un jour, la passagère lui demande comment elle fait pour être toujours si bien habillée et à l’aise dans la vie : « C’est comme si quand je prie je gronde seulement Dieu ! », s’exclame-t-elle. La camarade lui propose un « travail » dans une association en ligne qui soutient des personnes âgées fortunées. Elle accepte. Très vite, elle est contactée par un inconnu, un trentenaire, qui la fait rencontrer dans un café. Il lui raconte des drames personnels et lui remet de l’argent en cash.
À partir de là, la jeune femme assure que tout a basculé : selon son récit, l’homme apparaît dans sa chambre la nuit, abuse d’elle, puis disparaît toujours en laissant de l’argent. Quand elle finit par confier son secret dans un groupe de prière, elle affirme que sa bouche a commencé à pourrir. Récit mystique ou hallucination ? Les passagers du taxi restent suspendus à ses mots, sans réponse.
Comme elle, nombreux sont qui arrivent à se confier à des gens qu’ils ne connaissent pas. Mais pourquoi ces confidences trouvent-elles si facilement leur place dans un taxi ? « L’anonymat joue beaucoup », confie une jeune femme rencontrée. « On ose dire à un inconnu ce qu’on ne dit pas à ses proches, parce qu’on ne sera pas jugé ». Ajoute-t-elle.
Une autre ajoute : « C’est plus facile de tout raconter à quelqu’un qu’on ne reverra jamais. Dans le taxi, tu parles, tu descends, et c’est fini ». Petit espace clos, le taxi devient ainsi une « parenthèse » où l’on peut déposer ses secrets… avant que chacun ne disparaisse à son arrêt, emportant l’histoire comme un simple passager.