Entre charges élevées, insécurité et revenus instables, conduire un taxi, c’est avant tout une question de débrouillardise plus que de rentabilité.
Il est 5 h 30. Landry, la trentaine, démarre son vieux taxi jaune au quartier Nsam. C’est le début d’une longue journée à sillonner les rues de Yaoundé. « Il faut que je travaille tôt pour pouvoir remettre la recette au propriétaire. Ensuite, ce qui reste me revient », explique-t-il. Comme lui, des milliers de taximen, locataires de leurs véhicules pour la plupart, jonglent entre obligations et imprévus.
Le métier de taximan n’a rien d’un long fleuve tranquille. En plus des embouteillages interminables, ils font face aux agressions, aux contrôles routiers incessants et à l’état dégradé des routes. « On est exposé à tout : braquages, arnaques des clients, accidents… Et pourtant, on ne bénéficie d’aucune assurance ou couverture sociale », confie Michel, chauffeur depuis 10 ans. Sur le plan économique, le métier est loin d’être stable. En moyenne, un taximan gagne entre 5 000 et 15 000 FCFA par jour, selon l’affluence et les courses.
Mais sur cette somme, il doit verser la recette journalière (entre 7 000 et 10 000 FCFA), payer le carburant, les petits entretiens et parfois « négocier » avec certains agents sur la route. « Il y a des jours où je rentre à la maison avec moins de 3 000 FCFA. Ce n’est pas facile », avoue Serge, la trentaine. Malgré les difficultés, conduire un taxi reste pour beaucoup une solution de dernier recours. Jeunes diplômés sans emploi, anciens fonctionnaires à la retraite ou hommes de famille en quête de revenus, tous voient dans le taxi un moyen de survie.
« Ce métier me nourrit depuis 8 ans. Je n’ai pas d’autre choix. J’ai une famille à charge », explique Landry. Avec la hausse du prix du carburant, l’usure des véhicules et la multiplication des taxis clandestins, l’équation économique devient de plus en plus difficile. « Il faut aimer ce métier pour continuer. Sinon, on laisse tomber », conclut Landry.