Ce sont ces jeunes qui arpentent les trottoirs, ballot à l’épaule et qui attirent l’attention des passants avec leurs vêtements.
Parmi eux, un étudiant en Licence 3, discret mais rusé, s’impose chaque jour avec une stratégie bien à lui: l’humour. « Moi, je suis étudiant. Ce n’est pas un choix, c’est une nécessité », confie-t-il. Chaque jour, une fois les cours terminés ou pendant ses temps libres, il se rend au marché Mokolo ou à celui de Warda pour s’approvisionner en habits féminins. C’est là qu’il trouve sa matière première: des vêtements de seconde main qu’il revend ensuite, à la criée ou à la volée, autour du marché des Acacias.
La vente d’habits pour femmes est un métier exigeant, encore plus lorsqu’il faut jongler avec les exigences académiques. « C’est une activité très physique. Tu cours, tu cries, tu négocies… et tout ça, sous le soleil », explique-t-il. Le jeune sauvéteur avoue que les revenus sont variables: « Certains mois, je peux faire 150 000 F, d’autres à peine 30 000 F. Ça dépend des ventes, du nombre de clients, du stock aussi. » . Mais ce qui le distingue, c’est son approche unique: « Ma stratégie, c’est la comédie.
Je lance des petites blagues, je fais rire les clientes… et hop, elles achètent. » Loin des méthodes agressives parfois utilisées par d’autres, lui préfère séduire par la parole, le sourire, et une dose bien dosée de flatterie. Ce métier lui permet de subvenir à ses besoins quotidiens: payer son loyer, assurer son transport, se nourrir, et surtout continuer ses études. « Ce n’est pas un métier qui rend riche, mais il me garde à flot. Je peux vivre sans tendre la main. ».
Pour de nombreux jeunes comme lui, le sauvetage n’est pas seulement un métier, c’est une stratégie de survie dans un contexte économique difficile. Ces vendeurs ambulants, souvent marginalisés, incarnent pourtant l’un des visages les plus résilients de la jeunesse camerounaise: celle qui refuse de rester les bras croisés, qui transforme la rue en salle de vente et la débrouillardise en art de vivre.