Au Cameroun, un élève sur dix redouble chaque année, et pour certains, l’échec scolaire devient le point de départ d’un mal-être profond, jusqu’à la dépression.
En juillet 2025, Ndzie Eliane, 17 ans, lycéenne à Yaoundé, s’est suicidée après avoir échoué au baccalauréat. Ce drame met en lumière un phénomène inquiétant : la dépression en milieu jeune. « J’ai peur de retourner à l’école. » Les yeux rougis par les larmes, Elodie, 16 ans, reste cloîtrée dans sa chambre depuis l’annonce de ses résultats. Pour la seconde année consécutive, elle redouble sa classe de quatrième. « Je ne vaux rien », souffle-t-elle à demi-mot.
Comme elle, de plus en plus d’élèves vivent leur échec scolaire comme une blessure profonde. Au Cameroun, près d’un élève sur huit redouble chaque année, et pour certains, ce revers devient le point de départ d’un mal-être insidieux, parfois jusqu’à la dépression. « Au début c’était très difficile. Depuis que mes parents savent que je vais encore redoubler je ne peux plus rien faire sans qu’on ne me rappelle que j’ai encore échoué » ajoute Élodie.
Pour elle, l’échec scolaire est une étiquette qui lui colle à la peau, alimentée par les remarques blessantes, la peur du regard des autres et l’angoisse d’avenir qui lui semble pour l’instant “incertain”. Cette année, pourtant, l’enjeu était plus grand : comme ses parents l’avaient promis, elle allait enfin intégrer le club de danse et être candidate au concours Miss/Mister de son école « en troisième ».
Pour mieux comprendre ces liens entre l’échec scolaire et la dépression, nous avons rencontré la psychologue clinicienne Dr. Apolline Bassong : « L’échec scolaire peut être une expérience traumatisante pour un adolescent. À cet âge, l’identité et l’estime de soi sont encore en pleine construction. Et cette situation peut provoquer un sentiment d’échec personnel global, pas seulement dans le cadre scolaire. » En conséquence, les adolescents comme Élodie ressentent souvent une profonde honte.
Une pression constante qui peut créer un stress chronique, qui s’ajoute aux difficultés émotionnelles naturelles de l’adolescence. Si cette situation perdure sans soutien adapté, elle peut déboucher sur une dépression. Les signes à surveiller sont le retrait social, les troubles du sommeil, la perte d’intérêt pour les activités habituelles, ainsi que des pensées négatives récurrentes sur soi-même.
Selon la psychologue, il est donc crucial d’instaurer un dialogue ouvert entre les parents, les enseignants et l’adolescent, et de proposer un accompagnement psychologique dès les premiers signes de mal-être. Cela permet non seulement de prévenir la dépression, mais aussi d’aider le jeune à retrouver confiance en ses capacités et à envisager l’avenir avec plus de sérénité.