À l’aube de la rentrée scolaire, Landry M., 23 ans, arpente chaque matin les trottoirs de Yaoundé, portant sur son dos une dizaine de sacs à dos qu’il espère vendre. Pour ce jeune père, comme pour beaucoup de ses collègues, ces sacs sont des moyens de nourrir sa famille.
Landry a commencé il y a deux ans avec seulement trois sacs prêtés par un autre ami vendeur. « Je n’avais pas d’argent pour acheter quoi que ce soit et je venais de perdre ma mère. J’avais aussi un enfant qui arrivait », explique-t-il. Petit à petit, grâce aux bénéfices de ses ventes, il a pu acheter d’autres sacs et élargir son stock. Aujourd’hui, il en porte une vingtaine chaque matin sur son dos, ses bras et sa tête et gagne entre 5000 et 10 000 FCFA par jour.
« Ce n’est pas beaucoup comparé à ce que j’aimerais, mais ça me permet de m’en sortir et d’aider ma petite famille en payant au moins le loyer et la ration », précise-t-il. Comme beaucoup de ses collègues, Landry achète ses sacs à des grossistes du marché Mokolo à raison de 10 000 FCFA la douzaine : « Parfois, je n’ai pas assez d’argent pour acheter chez le grossiste, alors je vais au déballage. Là, on peut trouver des sacs moins chers, mais il faut avoir l’œil et être rapide pour ne pas se faire doubler par les autres vendeurs ».
Ensuite, il revend chaque sac avec une petite marge, généralement de 500 à 1 000 FCFA, selon le client et le modèle.
Le métier exige plus que de la patience : il faut connaître les quartiers les plus fréquentés, les heures de pointe et les habitudes des clients. Landry, lui, sillonne dès 7 heures du matin la poste centrale pour capter les premiers potentiels clients. Il navigue vers les marchés Mvog-bi, Mokolo, Melen (pour ne citer que ceux-là) dans l’après-midi.
Les obstacles ne manquent pas : pluie, soleil, vols ou concurrence avec d’autres vendeurs. Mais la débrouillardise et le sens de l’opportunité restent ses meilleurs alliés : « Si tu n’as pas de mental tu peux facilement abandonner ce métier. Il y’a des jours je rentre je n’ai pas vendu un seul sac » conclut-il.