Chaque année, elle revient comme un refrain familier. Ce moment est suspendu entre l’excitation de recommencer et la nostalgie des vacances trop vite passées. A la rentrée scolaire, dès les premières heures, la cour de récréation se transforme en théâtre d’émotions. On y entend des cris de joie, des appels à peine contenus : « Hééé, tu es toujours là ? », « Tu as grandi hein ! », « Raconte-moi tout ! ». Les retrouvailles se font en cascade. Entre deux accolades, les langues se délient. Et là, commence le grand festival des contes de rentrée. Certains ont « voyagé jusqu’à l’Ouest », d’autres sont « allés en colonie », quelques-uns ont même vu « la mer à Kribi » ou « attrapé un serpent dans le village ».
Peu importe que tout soit vrai, enjolivé ou entièrement inventé : le plus important, c’est d’avoir quelque chose à raconter. C’est un moment où les histoires deviennent des médailles que l’on brandit dans la cour. Il y a aussi les regards curieux sur les nouveaux. Qui est ce petit garçon au sac tout neuf ? Et cette fille à la coiffure parfaite ? On jauge, on observe, on évalue les changements. Qui a grandi, qui a grossi, qui a le plus beau cartable ? Et surtout qui est dans la même classe que moi ? Mais derrière cette agitation joyeuse se cachent aussi quelques angoisses. Pour les plus timides, la rentrée est un plongeon dans l’inconnu. Pour d’autres, c’est le début d’un combat pour réussir, se faire accepter ou simplement exister. Pourtant, ce premier jour reste unique. Ce jour scelle le pacte d’une nouvelle aventure.