Publier, partager, montrer son quotidien sur les réseaux est devenu un rituel. Mais à l’ère du tout en ligne, ce besoin de visibilité expose plus qu’on ne l’imagine.
Un après-midi, sur sa story Instagram, Maelys, 24 ans, publie une photo d’elle dans un café de la place. Elle y mentionne le nom de l’établissement et ajoute la géolocalisation. Rien d’anodin à première vue. Jusqu’à ce qu’un de ses abonnés, inconnu mais régulier dans ses messages privés, débarque. « Il m’a dit qu’il n’était pas loin, et comme je refusais toujours ses invitations, il avait profité de l’occasion, » raconte-t-elle.
« Sur le moment, je n’ai pas trouvé ça grave. J’ai même trouvé cela drôle. Mais une fois rentrée chez moi, j’ai réalisé qu’il fallait que je fasse plus attention à ce que je poste. » Maelys n’est pas un cas isolé. Pour de nombreux jeunes, documenter sa vie en ligne est devenu un réflexe, un moyen d’exister, de se valoriser. Chaque sortie, chaque repas, chaque achat devient une opportunité de contenu. « On veut juste partager, montrer ce qu’on vit », explique Kevin, créateur de contenus sur TikTok.
« Mais c’est vrai que parfois, on oublie qu’on montre aussi où on est, avec qui, quand, et même ce qu’on a. » Derrière les « likes » et les commentaires, la frontière entre le public et le privé devient floue. Certains internautes pensent connaitre ceux qu’ils suivent au point de franchir des limites. « Les gens pensent te connaître parce qu’ils te suivent. Certains t’aiment, d’autres te détestent, sans jamais t’avoir vu. Et quand on se croise dans la vraie vie, ça peut devenir gênant, voire inquiétant. »
Au final, partager n’a rien de mal, à condition de se souvenir que derrière les écrans, tout le monde ne « like » pas avec bienveillance.