La rentrée scolaire 2025 se veut tournée vers l’innovation, avec l’intelligence artificielle au cœur des priorités. Mais sur le terrain, la fracture numérique freine encore son intégration réelle dans les salles de classe.
Dans de nombreux établissements secondaires, l’accès à l’électricité constitue encore un défi majeur. Les salles d’informatique sont souvent sous-équipées ou dotées de matériel obsolète, et de nombreux enseignants ne sont pas formés à l’utilisation des outils numériques.
Ce manque de formation des enseignants, tant à l’usage des technologies numériques qu’à celui de l’intelligence artificielle, creuse un écart inquiétant entre les ambitions affichées par le système éducatif et les capacités réelles des acteurs sur le terrain. Pourtant, certaines initiatives émergent. Dans quelques écoles pilotes, des logiciels d’orientation basés sur l’IA ont été testés, des tablettes ont été distribuées aux élèves, et des sessions de formation ont été organisées pour les enseignants. Mais ces efforts, encore trop limités, restent concentrés dans les zones urbaines. L’inégalité d’accès aux outils numériques demeure flagrante.
Du côté des parents, les sentiments oscillent entre fascination et inquiétude. « On veut que nos enfants soient compétitifs, mais tout le monde n’a pas les moyens d’acheter un ordinateur ou de payer un abonnement internet », souligne Mme Tchatchoua, mère de trois collégiens. Le coût élevé de la connexion internet et l’inaccessibilité du matériel informatique constituent des freins majeurs pour de nombreuses familles.
Les experts, quant à eux, plaident pour une approche progressive et contextualisée. « L’intelligence artificielle ne doit pas être imposée, mais intégrée intelligemment, en tenant compte du contexte local », affirme Fayçal Amadou, conseiller d’orientation. Il insiste sur la nécessité de développer des contenus adaptés, notamment en langues locales, et de faire participer les enseignants à la co-construction des outils numériques. Au-delà des enjeux technologiques, c’est la question de l’équité qui se pose avec acuité.
Si l’IA est appelée à jouer un rôle croissant dans les apprentissages, elle risque aussi d’accentuer les inégalités existantes si des mesures concrètes ne sont pas prises pour combler le fossé numérique.
L’État, les collectivités locales et les partenaires internationaux sont ainsi appelés à renforcer les investissements dans les domaines de l’équipement, de la formation et de l’accès aux ressources numériques. En attendant, la rentrée 2025 s’annonce à deux vitesses. Certains établissements sont déjà connectés, expérimentent l’école de demain, tandis que d’autres (a majorité), peinent encore à sortir de l’ère de « nos parents ».