À chaque rentrée, la question du choix de l’établissement scolaire revient. Les parents, responsables des frais et de l’orientation, ou l’élève directement concerné ? Autorité parentale, aspirations des enfants et contraintes familiales, le débat reste ouvert.
« Les enfants ne voient pas encore loin. C’est aux parents de décider pour eux. Comme on le dit souvent ce que le parent voit étant assis l’enfant même debout ne peut pas le voir », estime Paul Piebi, parent d’élèves. Sur le plan légal, la responsabilité incombe aux parents. Ce sont eux qui orientent, inscrivent et financent. Beaucoup considèrent d’ailleurs que leur rôle est de guider l’enfant vers la “meilleure” école, celle jugée plus sérieuse ou plus prestigieuse.
Mais la réalité semble plus nuancée. De nombreux élèves, surtout à l’adolescence, souhaitent donner leur avis. Certains veulent rejoindre une école spécifique pour se rapprocher d’un projet professionnel, d’autres privilégient une école plus proche du domicile ou fréquentée par leurs camarades. Pour ces jeunes, avoir voix au chapitre renforce la motivation.
C’est le cas de Bibi Zongo, 19 ans « Moi je voulais aller à la Libre Académie des Beaux-Arts à Douala pour faire du design de mode. C’est là-bas que je me voyais. Mais papa a refusé net », souffle-t-elle. Elle baisse la voix avant d’ajouter : « Il dit qu’il ne veut pas que j’aille vivre chez la grande sœur de maman. Entre eux, ça ne passe plus depuis longtemps et il ne veut rien devoir à cette famille. »
Quand les moyens financiers décident
Dans bien des cas, la question dépasse le simple débat d’autorité. Le choix se réduit souvent à ce que la famille peut payer. Entre les frais de scolarité, le coût des fournitures et la proximité géographique, les options réelles se restreignent. « J’aurais aimé mettre ma fille cadette dans une école catholique, mais c’est trop cher pour nous. Je dois aussi m’occuper de ses frères et en plus de celle qui va à l’université. Donc pour l’instant tout le monde va étudier au public », confie une mère.
Ici, le budget trace la ligne rouge. Face à ce melting-pot, certains parents adoptent une approche plus participative. Ils discutent avec leurs enfants des avantages et contraintes de chaque établissement, puis tranchent ensemble. « Je leur demande ce qu’ils veulent, on en parle. Avec mes enfants je cherche toujours à avoir leur avis en ce qui concerne surtout l’éducation parce que c’est eux qui vont à l’école et pas moi. Mais à la fin c’est moi qui décide ou je vais aller mettre mon argent. J’accepte tout tant que ce n’est pas un établissement à problèmes », explique Pierre Kamdem, père de quatre enfants.