A la fac il faut se lever tot pour avoir droit à une place assises dans un amphi plein à craquer dès les premieres heures de cours de cette rentrée académique à l’Université de Yaoundé I.
6h15. Il fait encore nuit sur le campus de l’Université de Yaoundé 1, mais dans l’amphithéâtre principal, des sacs, des cahiers, et parfois même des pulls soigneusement étalés occupent déjà les premières rangées. Aucun étudiant en vue… ou presque. Anaïs Owona, 21 ans, étudiante en sciences, fait partie des “poseurs de sacs”, ces étudiants qui viennent à l’aube déposer un objet pour réserver leur place avant de repartir: « C’est la seule façon d’être bien installée.
Si tu arrives à 7h30, tu restes debout ou tu suis depuis la fenêtre », raconte-t-elle. Dans les filières à forte densité, comme le droit, l’économie ou la médecine, l’amphithéâtre devient un champ de bataille dès les premières heures du jour. Il existe un véritable code entre étudiants: un sac posé = une chaise réservée.
Pas question d’y toucher, au risque de provoquer une dispute. Certains laissent même des messages collés ou écrits au stylo: « Place gardée. Merci ». Mais cette pratique crée aussi des frustrations. Les étudiants qui habitent loin ou qui n’ont pas les moyens de venir très tôt sont souvent désavantagés. « Je dois prendre deux taxis pour venir.
Je ne peux pas me permettre d’arriver à 6h », se plaint Carol Ngono, qui finit régulièrement debout ou assise sur les marches. Face à ce phénomène, les responsables de la discipline à l’Université de Yaoundé 1 ferment souvent les yeux.
« Il n’y a pas assez de places pour tout le monde, donc chacun se débrouille comme il peut », reconnaît un agent de Police Campus sous anonymat. En attendant, les étudiants rivalisent de ruse et d’endurance pour se trouver une place.