Chaque début d’année, ces anciens étudiants désertent les amphis, préférant attendre l’approche des contrôles continus ou des sessions normales pour réapparaître.
Sur les campus, la rentrée a pourtant bien eu lieu. Les amphithéâtres bruissent de bavardages, les nouveaux cherchent encore leurs repères. Mais dans la foule, un vide se fait sentir : celui des « anciens cop’s ». Une expression tirée de copains pour désigner ces étudiants déjà rodés à la vie universitaire, souvent salariés ou parents, qui ne se montrent qu’en période d’évaluations. Inscrite en 2e année de lettres modernes françaises, Estelle, 31 ans, employée dans une structure d’esthétique, fait partie de ces absents temporaires. « Pour l’instant, je travaille. Je viendrai quand les contrôles continus commenceront. C’est là qu’on nous évalue vraiment. » Un raisonnement partagé par de nombreux étudiants travailleurs, pour qui la vie académique s’adapte aux contraintes professionnelles. Le rythme des cours, souvent jugé trop dense, entre parfois en collision avec la réalité du quotidien.
À l’Université de Yaoundé II-SOA, Arnaud, étudiant en 3e année de sciences économiques, a trouvé son propre équilibre : « Je me débrouille avec les photocopies des cours et les groupes WhatsApp. Les présences au début, c’est pour les nouveaux. Nous, on gère autrement. » Résultat : des amphithéâtres bien remplis les premières semaines, puis clairsemés jusqu’à à la veille des travaux dirigés et des contrôles continus. Le phénomène est devenu si courant qu’il ne surprend plus ni les enseignants ni les responsables administratifs. Pourtant, derrière cette absence prolongée, il n’y a pas toujours de désintérêt. Benoît, 33 ans, étudiant en droit, l’assume sans détour : « On fait ce qu’on peut, pas ce qu’on veut. Étudier et travailler, ce n’est pas évident. » En attendant les premiers TD et la pression des évaluations, les bancs restent clairsemés. La rentrée, pour certains, ce sera plus tard, quand il faudra sauver le semestre.