Forêts luxuriantes, sols gorgés d’or, de diamants et de bois précieux… L’Est du Cameroun est une région riche. Très riche même. Mais ironie amère, ce territoire d’abondance est aussi l’un des plus pauvres du pays. Où vont donc les fruits de cette richesse ? Certainement pas dans les écoles délabrées de Batouri, ni dans les centres de santé en ruine de Garoua-Boulaï, encore moins sur les pistes poussiéreuses de Yokadouma. Des entreprises minières étrangères viennent s’installer, exploitent, extraient, et repartent. Pendant ce temps, les populations regardent passer les convois de camions chargés de bois ou de minerais, sans que leur quotidien ne change. Aucun emploi digne, aucune retombée visible. Les villages autour des sites d’exploitation restent sans eau potable, sans électricité. Parfois, c’est même pire : pollution des rivières, destruction des terres agricoles, conflits fonciers… Et pendant que les forêts tombent à la tronçonneuse, des permis sont délivrés en toute opacité.
Où sont les élus locaux ? Où est l’État censé réguler, protéger, redistribuer ? Le slogan « exploitation au profit des populations » sonne comme une blague de mauvais goût. À qui profite donc cette richesse naturelle ? À une élite opaque ? À des réseaux d’intérêts ? Aux multinationales bien introduites ? En tout cas, pas à la jeunesse locale qui rêve d’un avenir mais ne trouve que chômage et abandon. L’Est camerounais ne manque pas de ressources. Ce qui lui manque, c’est la justice économique. Un véritable plan de développement qui place l’humain avant le profit. Sinon, cette région restera l’illustration tragique d’un pays riche aux populations pauvres. Et chaque tronc d’arbre coupé, chaque gramme d’or arraché au sol rappellera l’ampleur du pillage.