À 71 ans, celui que l’on surnomme « le maître hongrois de l’apocalypse » a reçu, jeudi 9 octobre 2025, le Prix Nobel de littérature. Il devient ainsi le 118ᵉ lauréat de cette distinction.
Le jury de l’Académie suédoise a salué l’ensemble de l’œuvre littéraire de László Krasznahorkai, une création d’une intensité rare qui explore la condition humaine dans un monde en ruine. Révélé en 1985 par son premier roman Satantango, considéré comme un chef-d’œuvre de la littérature postmoderne, l’écrivain s’est imposé par une écriture dense et hypnotique, faite de phrases interminables et d’un souffle quasi mystique.
Satantango, fresque de la décomposition morale d’un village hongrois, a été adaptée en un film de plus de sept heures par Béla Tarr, devenu culte pour son rythme lent et sa puissance visuelle. Explorant la mélancolie, la chute morale et la désintégration du monde moderne, Krasznahorkai peint une humanité en quête de sens dans un univers livré au chaos.
Son roman Guerre et guerre (1999) demeure l’un de ses textes les plus marquants : le critique James Wood, du New Yorker, l’a décrit comme « l’une des expériences les plus profondément troublantes que j’aie jamais vécues en tant que lecteur ». Déjà lauréat du Man Booker International Prize en 2015, il voit aujourd’hui son œuvre rare et exigeante couronnée par le Nobel.
Au-delà du prestige, le prix s’accompagne d’une dotation de 11 millions de couronnes suédoises, soit environ 967 000 euros (près de 633 millions FCFA). Le lauréat recevra officiellement sa distinction le 10 décembre 2025 à Stockholm, lors de la cérémonie marquant l’anniversaire de la mort d’Alfred Nobel, inventeur de la dynamite et fondateur des prix qui portent son nom. László Krasznahorkai succède à l’écrivaine sud-coréenne Han Kang, lauréate du Nobel 2024, et devient le second auteur hongrois à recevoir cette distinction, 23 ans après Imre Kertész (2002).