Candidat recalé à la présidentielle du 12 octobre prochain, Maurice Kamto demeure au cœur du jeu politique camerounais. Bien que hors course officiellement, son influence reste déterminante.
La scène politique camerounaise vit un paradoxe rare : alors que la campagne présidentielle bat son plein, l’un des acteurs les plus influents de l’opposition, Maurice Kamto, ne figure pas sur la ligne de départ. Recalé par le Conseil constitutionnel le 5 août dernier, officiellement pour cause de “double investiture”, le leader du MRC dénonce une exclusion politique déguisée.
Pourtant, loin de se retirer dans le silence, Kamto occupe un rôle singulier et central dans cette élection. Depuis l’annonce de son rejet, l’universitaire multiplie les prises de parole, dénonçant un “complot d’État” et une manipulation des institutions électorales, notamment d’ELECAM et du Conseil constitutionnel. Cette posture de victime d’un système verrouillé le renforce auprès de ses partisans, qui voient en lui le symbole d’une alternance confisquée.
Sur les réseaux sociaux, dans les médias et à travers les manifestations de ses soutiens, Kamto continue d’agiter les lignes. Sa capacité à mobiliser en dehors du cadre institutionnel lui permet de rester un acteur clé, malgré l’absence de bulletin à son nom dans les urnes.
Appel au candidat consensuel de l’opposition
Dans une manœuvre politique différente dynamiques habituelles de l’opposition camerounaise, Maurice Kamto a récemment lancé un appel solennel à ses homologues de l’opposition : s’aligner derrière un candidat consensuel, expérimenté et crédible, capable de porter les espoirs d’alternance à l’échelle nationale. Une initiative qui vise à éviter la dispersion des voix dans un scrutin à un tour, souvent fatal aux opposants face à la machine électorale du parti au pouvoir.
Dans cette optique, les rencontres privées se multiplient entre Kamto et plusieurs autres candidats ou figures influentes de la scène politique nationale. Selon des sources concordantes, ces réunions se déroulent dans une grande discrétion, loin des caméras, mais elles témoignent d’une volonté claire de négociation stratégique. On se souvient entre Kamto et Bello Bouba Maigari, Kamto et Patricia Tomaïno Ndam Njoya ou encore Kamto et Sameul Iyodi pour ne citer que celles-ci.
Il ne s’agit plus seulement de dénoncer, mais de peser sur le cours des événements, en influençant la désignation ou du moins le ralliement autour d’un prétendant unique à l’alternance. L’analyse des faits montre que, malgré son absence officielle de la course, Maurice Kamto continue de structurer les rapports de force au sein de l’opposition. Cette dynamique, si elle aboutit, pourrait rebattre les cartes dans une élection où l’indécision demeure forte.