À quelques semaines du scrutin, les candidats rivalisent de propositions pour reconstruire un système éducatif mieux connecté aux réalités nationales.
L’éducation s’impose comme un enjeu prioritaire de la présidentielle 2025. Dans un contexte de critiques récurrentes sur la qualité et l’adéquation des programmes scolaires, plusieurs candidats proposent des réformes structurelles.
Tour d’horizon des projets éducatifs de trois prétendants à la magistrature suprême : Cabral Libii, Serge Espoir Matomba et Samuel Hiram Iyodi.
Cabral Libii : refondation nationale par l’éducation
Déjà candidat en 2018, Cabral Libii, figure du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN), place l’éducation au cœur de son cinquième axe programmatique. Pour lui, il est impératif d’en finir avec « la pâle figure présentée par le système actuel ». L’objectif est de « former des Camerounais utiles », à travers une école connectée aux réalités socioéconomiques et une université productive.
Sa vision s’appuie sur plusieurs réformes clés : Une école citoyenne et culturellement ancrée, favorisant la souveraineté numérique et la valorisation des cultures locales ; une refonte des contenus scolaires, pour éliminer les approches mimétiques héritées du modèle colonial et intégrer les valeurs africaines ; l’instauration de l’enseignement préscolaire obligatoire en langue locale dès l’âge de 3 ans, un geste fort en faveur de l’identité linguistique.
Il évoque aussi l’abolition de la distinction entre filières générales et techniques, pour permettre un accès plus équitable aux concours ; la révision du calendrier scolaire afin qu’il épouse la saisonnalité camerounaise, notamment en plaçant les grandes vacances durant la saison sèche et une restructuration universitaire en la séparant de l’autorité de l’Etat.
Serge Espoir Matomba : une rupture avec le modèle hérité
Le candidat du Peuple uni pour la rénovation sociale (PURS), va plus loin dans la critique du système éducatif camerounais. Il dénonce une confusion historique entre éducation et simple scolarisation, qu’il voit comme un héritage direct du colonialisme. Pour lui, la scolarisation de masse depuis les années 60 a produit des diplômés déconnectés des réalités du pays, contribuant au chômage, à la migration urbaine massive et à l’abandon du monde rural.
Dans cette optique, Serge Espoir Matomba propose une refondation complète du système éducatif : Des programmes scolaires décolonisés et patriotiques, centrés sur l’histoire et les valeurs camerounaises ; une loi unique d’orientation de l’éducation, accompagnée d’un socle commun de compétences ; la création de nouveaux niveaux d’enseignement, notamment pour la petite enfance (0 à 3 ans) et le post-primaire non secondaire ; le retour à des Zones d’Activités Communautaires et Culturelles (ZACC), initiées dans les années 80, où les jeunes recevraient une formation triple : professionnelle, intellectuelle et civique.
Le PURS veut également restaurer les bourses d’État, décentraliser la gestion éducative et créer des universités techniques. Le tout serait financé par une taxation ciblée des produits manufacturés et des ressources naturelles, afin de garantir l’autonomie financière du système éducatif.
Samuel Hiram Iyodi : l’unité linguistique et la valorisation locale
Benjamin de cette élection, avec 38 ans, il défend une vision plus pragmatique et synthétique de la réforme éducative. Sous la bannière du Front des Démocrates Camerounais, il milite pour : l’adoption d’un système éducatif bilingue unique, en français et en anglais, pour renforcer la cohésion nationale ; l’intégration de la transformation des richesses locales dans les programmes scolaires, une manière de reconnecter les jeunes aux ressources du pays ; une réorganisation de l’année scolaire de janvier à octobre, là encore alignée avec la saison sèche, pour plus de cohérence avec les réalités climatiques. Samuel Iyodi mise sur une approche modernisatrice, mais aussi pragmatique, à mi-chemin entre les grandes réformes structurelles des deux autres candidats.