Figure emblématique de l’enseignement supérieur et pionnier de la recherche scientifique au Cameroun, le Pr. Jaques Kamsu Kom s’est éteint le 1er septembre 2025 à Yaoundé, à l’âge de 91 ans.
Né le 9 février 1935 à Nkongsamba, Jacques Kamsu Kom a marqué de son empreinte l’histoire universitaire du Cameroun. Après de brillantes études en France, sanctionnées par un diplôme de pharmacien (Nancy, 1960), une licence ès-sciences (Paris, 1962) et un doctorat ès-sciences (Paris, 1964), il débute sa carrière scientifique au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) en France, où il gravit rapidement les échelons, de stagiaire de recherche à charger de recherche.
Son retour en Afrique sera décisif. Enseignant à la Faculté des Sciences d’Abidjan, puis à l’Université Fédérale du Cameroun, il devient en 1969 le tout premier professeur titulaire de chimie minérale francophone au Cameroun. Deux ans plus tard, en octobre 1971, il est nommé doyen de la Faculté des Sciences de Yaoundé, devenant ainsi le premier Camerounais à occuper un tel poste.
Bâtisseur de laboratoires et formateur de générations
Visionnaire, le Professeur Jacques Kamsu Kom est à l’origine de la création de plusieurs laboratoires de recherche, tant en Côte d’Ivoire qu’au Cameroun. À Abidjan, il forme la première docteure ès-sciences de chimie ivoirienne, Rosine Eholje, aujourd’hui professeure retraitée. À Yaoundé, il fonde le Laboratoire de Chimie Minérale, qui verra éclore le tout premier docteur ès-sciences camerounais dans cette discipline, Léopold Fournes, devenu professeur en France.
Il initie également d’importantes réformes pédagogiques : l’introduction du mémoire de maîtrise pour renforcer la professionnalisation des étudiants, ainsi que la création du certificat de biochimie. Par ces innovations, il a contribué à structurer durablement l’enseignement des sciences au Cameroun.
Chercheur et innovateur pharmaceutique
En parallèle de sa carrière académique, Jacques Kamsu Kom a fondé en 1981 son propre laboratoire de recherche et développement, le Kamsu Kom’s Laboratory, spécialisé dans la production pharmaceutique et agro-industrielle. De ce laboratoire est sorti le tout premier médicament camerounais à obtenir une autorisation de mise sur le marché : le Pola-Gastral, un anti-ulcéreux validé en 1982 par le ministère de la Santé publique. Il est également détenteur d’un brevet d’invention délivré en 2009, portant sur deux médicaments antianémiques et reconstituants généraux, preuve que sa curiosité scientifique est restée vive jusqu’à un âge avancé.
Une reconnaissance nationale et internationale
Doyen honoraire de la Faculté des Sciences de Yaoundé, ancien président de l’Ordre national des pharmaciens du Cameroun (2000-2007), le Professeur Jacques Kamsu Kom a été honoré au-delà des frontières. En 2005, il reçoit à Bamako le Caducée d’Or de l’Ordre national des pharmaciens du Mali, pour sa contribution exceptionnelle au développement de la pharmacie en Afrique. Membre de sociétés savantes internationales, il reste une référence dans son domaine.
Un héritage vivant
Le Professeur Kamsu Kom restera dans l’histoire comme un pionnier à plusieurs titres : premier docteur ès-sciences camerounais, premier professeur titulaire francophone, premier doyen camerounais d’une faculté universitaire et premier industriel pharmaceutique camerounais. Mais au-delà de ces « premières », il laisse surtout l’héritage d’un bâtisseur, d’un formateur et d’un chercheur engagé, dont les travaux et l’influence continueront d’inspirer des générations d’universitaires et de scientifiques.