C’est une pratique très répandue chez les jeunes. Elle consiste à solliciter l’aide d’un ou d’une ami(e) pour faciliter le rapprochement avec la personne convoitée. Bien souvent, plusieurs histoires d’amour naissent ainsi, après qu’un ami ait joué les intermédiaires.
Elle est lointaine l’image du Cupidon ailé armé de son arc. Aujourd’hui, il prend le visage d’un ami, d’une cousine, parfois même d’un collègue. Tout commence souvent par un simple hasard. Arthur, 27 ans, scrolle un matin sur WhatsApp quand il tombe sur le statut de son ami d’enfance Loïk. Il reste touché devant une vidéo, celle d’Alice, la cousine de Loïk, publiée pour lui souhaiter un joyeux anniversaire. « J’ai directement écrit à mon pote pour lui dire qu’elle était mon goût et que je voulais qu’il nous branche. Il m’a répondu de ne pas l’embrouiller, que c’était sa sœur, et qu’il ne voulait pas de problèmes », raconte Arthur.
Quelques jours plus tard, Loïk cède, non sans avertir son ami : « Il m’a dit que j’avais intérêt à faire les choses bien. » Une simple mise en relation qui, contre toute attente, débouche sur une véritable histoire. « Nous nous marions en novembre. Les débuts n’ont pas été faciles car elle m’a repoussé plusieurs fois mais voilà deux ans que nous sommes ensemble et que nous vivons, je ne dirais pas le parfait amour, mais un amour qui nous ressemble », confie Arthur.
Pour Raïssa, 29 ans, ce type de rencontre inspire confiance : « Si mon ami me présente quelqu’un, je me dis qu’il est au moins un minimum fiable. J’ai été en couple huit mois avec une personne rencontrée par un ami. Même si la relation est finie, ça a consolidé notre amitié. Au début, il nous coachait un peu, il savait ce que chacun aimait ou n’aimait pas. Quand c’est fini, je ne lui en ai pas voulu car il ne nous avait forcés à rien ».
Cette préférence pour les branchements via l’entourage montre que, malgré les applis et les rencontres fortuites, les jeunes recherchent avant tout la confiance et la complicité, des dimensions humaines qu’aucun algorithme ni hasard ne peut remplacer.
Entre bonnes passes et grosses casses
Le pistonnage ne mène pas toujours au conte de fées. Franck-Emile, 32 ans, en garde un goût amer. « Un collègue nous a présentés, mais très vite sa jalousie maladive a tout gâché. Elle m’a bloqué et a bloqué mon collègue qu’elle accusait de prendre mon parti », raconte-t-il. Dans ces cas, l’ami entremetteur se retrouve alors pris entre deux feux. D’après les spécialistes, les connexions sociales indirectes jouent un rôle crucial dans la formation de relations. Dans le contexte du pistonnage amoureux, ces liens servent de ponts entre individus, facilitant les rencontres mais aussi exposant les personnes à des dynamiques sociales complexes.
Qu’il mène à une histoire d’amour, à une déception ou à une anecdote gênante, le pistonnage amoureux montre surtout que, même quand Cupidon prend le visage d’un ami, les rencontres et les sentiments restent profondément imprévisibles, et aucun intermédiaire ne peut garantir l’amour.