Racines, écorces et décoctions s’achètent à ciel ouvert, loin des circuits médicaux conventionnels
Sur les trottoirs de Yaoundé, ils sont nombreux à proposer ce que d’aucuns appellent des « remèdes miracles ». Écorces séchées, racines broyées, feuilles pilées ou encore boissons fermentées, ces vendeurs ambulants s’installent souvent à la va-vite, leurs sacs posés sur des nattes ou des bancs de fortune.
Leurs clients ? Une population qui continue de faire confiance à la médecine traditionnelle, souvent au détriment des pharmacies modernes. La scène est presque banale : un homme interroge un vendeur sur les vertus d’une décoction censée traiter le paludisme ; un autre repart avec un sachet d’écorce à faire bouillir contre les douleurs articulaires.
Ici, pas de prescription, ni d’ordonnance. Les recommandations se font à l’oral, transmises de bouche à oreille. « C’est ma grand-mère qui m’a dit que cette écorce soigne bien la toux. Je viens toujours ici quand je suis malade », confie Martine, la trentaine. Le succès de cette pharmacopée informelle tient à plusieurs facteurs : accessibilité, coût très bas, mais surtout croyance populaire.
Pour beaucoup, ces remèdes sont « naturels » et donc sans danger. Pourtant, personne ne peut attester de l’origine exacte des produits ni de leur mode de préparation. Et encore moins de leur innocuité. Mais dans un contexte où les soins de santé restent coûteux pour une partie de la population, les guérisseurs du trottoir trouvent chaque jour leur clientèle fidèle et croissante.