Ils sont présents partout, sur les trottoirs, à l’ombre d’un parasol ou derrière un petit comptoir improvisé. Sans diplôme en électronique, ces réparateurs réussissent pourtant à redonner vie à des téléphones en panne.
Nous sommes à la gare routière de Mimboman, Etienne, 27 ans, manipule minutieusement un smartphone aux entrailles ouvertes. « J’ai appris en regardant un ami faire. Au début je changeais juste des écrans fissurés. Aujourd’hui je peux quasiment tout réparer » explique-t-il, un petit tournevis à la main. Comme lui, nombreux sont les réparateurs qui n’ont jamais été sur les bancs pour cette formation.
Leur atelier, c’est la rue, et leur manuel, les tutoriels en ligne ou l’observation des plus expérimentés. Cette autoformation, parfois empirique, ne décourage pas les clients : « Ils travaillent vite, et ça coute moins cher que dans une grande boutique », confie Mireille, commerçante. Pour certains, la proximité est aussi un atout : inutile de traverser la ville pour changer une batterie ou un écran.
Un service indispensable pour les petits budgets
Les tarifs qu’appliquent ces réparateurs défient toute concurrence. Remplacer un écran peut coûter deux à trois fois moins cher qu’en service agrée. « Ici, je paie 4 000 francs CFA pour la même réparation qu’on me facture à 20 000 ailleurs » renseigne Kevin, étudiant. L’activité de ces réparateurs permet alors à des milliers de personnes d’accéder à un service de maintenance à moindre coût.
Pourtant, certains alertes sur les limites : absence de garantie formelle, pièces contrefaites, réparations parfois temporaires. « Je préfère payer le prix fort dans une boutique reconnue. A chaque fois que j’ai fait confiance à ces réparateurs ambulants, j’ai été déçue » affirme Lysiane, étudiante.
Un vrai gagne-pain
Pour les réparateurs, c’est avant tout un moyen de gagner leur vie. Etienne confie « Je suis rémunéré au jour le jour. Mais par semaine je peux facilement me faire 35 000 francs CFA. Ce n’est pas toujours régulier, mais ça paie le loyer et les marches du quotidien ».
Toutefois, la concurrence est rude, et les pièces détachées de bonne qualité ne sont pas toujours faciles à trouver. « On rend service, mais il y a des cas où il faudrait changer toute la carte mère, et ça, ce n’est pas toujours évident de trouver le bon » reconnait Etienne.
Même si leur savoir-faire s’est souvent forgé sur le tas, ces urgentistes du téléphone réussissent à prolonger la vie des appareils tout en respectant les budgets les plus serrés. Les clients eux, repartent le sourire aux lèvres, avec des compagnons numériques remis sur pied.