Avec Petit Jo, enfant des rues, Évelyne Mpoudi Ngolé prête une voix à ceux qu’on ne regarde plus : les enfants des trottoirs, les oubliés des grandes villes.
Abandonné à l’entrée d’un hôpital, Petit Jo est recueilli par le vieux Moussima, un homme pauvre mais profondément humain. Sous son toit, l’enfant découvre pour la première fois la chaleur d’une affection sincère. Mais la mort du vieil homme bouleverse tout : sans acte de naissance, Jo doit quitter l’école et se confronter à la dureté d’un monde qui ne reconnaît pas les siens.
À douze ans, il quitte le village pour Yaoundé, espérant trouver une place dans la capitale. Là, commence sa véritable descente dans la rue : portefaix au marché Nfoundi, victime d’abus, Jo rejoint la communauté des enfants sans toit. Dans ce chaos, il rencontre Essomba, Élé et Man, compagnons d’infortune qui lui apprennent les lois non écrites de la survie : la débrouille, la ruse, la solidarité fragile des exclus. Ce roman est d’abord une chronique de la dignité.
Mpoudi Ngolé écrit la rue sans complaisance, mais aussi sans désespoir. Elle y fait vibrer l’humanité dans ses moindres recoins. Les enfants qu’elle met en scène ne sont pas de simples victimes : ils pensent, rient, espèrent, résistent. L’auteure tisse entre réalisme social et émotion une écriture dépouillée, directe, qui touche par sa clarté plus que par l’emphase. À travers Jo, c’est tout un système qu’elle interroge : l’injustice administrative, la pauvreté structurelle, la responsabilité des adultes absents.
Mais derrière cette lucidité, une lumière persiste, celle de l’éducation, de la bienveillance, d’une seconde chance possible. En refermant Petit Jo, enfant des rues, on ne retient pas seulement l’histoire d’un enfant perdu, mais la leçon d’une société qui doit réapprendre à protéger les siens. Evelyne Mpoudi Ngolé, une fois encore, signe un roman profondément humain, où la rue devient le miroir cru mais nécessaire de notre monde.