Après une carrière de danseur, il fait le pari de se lancer dans la musique. Porté par son style musical, il caresse le rêve de s’élever au rang des artistes qui compte au Cameroun et en Afrique.
À l’état civil, il se nomme Beck Nanda Germain Patrick. Mais sur scène, c’est Le Joker. Originaire de Yaoundé, il fait ses premières classes à l’école Béthléem et poursuit sa scolarité dans plusieurs établissements secondaires de la capitale. Si son parcours scolaire s’interrompt en classe de première, c’est ailleurs que son apprentissage se poursuit : sur les pistes de danse, et surtout au rythme de la passion. C’est dans l’ambiance chaleureuse du foyer familial que naît son amour pour la musique. « Ma mère écoutait beaucoup Petit Pays, Mama Ngueya… chaque dimanche, c’était une tradition à la maison », se souvient-il.
Ces moments nourrissent ses premières émotions musicales et forgent en silence l’artiste qu’il deviendra. Mais c’est la danse qui lui offre son premier public. Il débute dans les mariages et fêtes de quartier, avant de rejoindre le groupe Bibizen, dont il devient le capitaine. Sa rencontre avec le chanteur Aveiro Jess marque un tournant : il devient chorégraphe, bras droit artistique, et a réalisé les pas de danse de plusieurs tubes à succès notamment Rambo. Il a également eu une opportunité alléchante d’être danseur pour Guinness qu’il décline. Les bonnes choses ayant une fin, il décide de claquer la porte à la danse. Une belle aventure qui s’achèvera en 2023.
Beck Nanda Germain Patrick rêve d’autre chose, une autre passion qui brûle en lui depuis sa tendre enfance. Il veut désormais se consacrer entièrement à la musique, en solo. Le surnom Le Joker ? Il l’a choisi lui-même. Son explication, elle toute simple mais porteuse de sens. « C’est pour sourire à la vie, comme une carte qui gagne », explique-t-il. Ce pseudonyme colle parfaitement à son univers musical : festif, accessible, dansant. Un mélange audacieux de coupé-décalé, de mopacho, d’Afro dégamé, et parfois même de rap. Un style hybride qu’il revendique comme un tremplin vers l’international.
Ses premiers titres Mattas, Cousins et cousines, sa reprise sur un extrait du son « Secouer secouer » de Lady Ponce connaissent un écho étonnant. Si aujourd’hui tout semble dans le meilleur des mondes, il reconnaît avoir souffert d’un certain isolement à ses débuts, Le Joker reste serein. « Il y a toujours un plus qui vient de nulle part, mais qui est très grand », affirme-t-il avec philosophie. Sur ses relations dans le milieu, il prône le dialogue et l’ouverture, malgré une séparation un peu froide avec Aveiro Jess. « On peut se croiser, se dire bonjour. Moi, je suis toujours ouvert pour un projet ensemble », confie-t-il. Pas question, pour lui, de briller un instant pour ensuite s’éteindre. Il veut inscrire sa musique dans la durée, penser au-delà des frontières, viser des featurings au Nigeria et ailleurs.
« Je vais faire l’effort de ne pas rester sur un même rythme. Après, ça devient agaçant », promet-il. Le Joker, c’est la transition en marche. Le pari risqué d’un artiste qui a quitté la scène de la danse pour naviguer dans celle de la musique. Une carte gagnante qui n’a pas dit son dernier mot.