Ils ont toujours l’air sûrs d’eux. Ces jeunes plantés devant les agences de paris, le regard rivé sur leur téléphone, les doigts agiles qui glissent entre deux côtes. Ils parlent football mieux que certains entraîneurs. Ils calculent les « combis » avec la précision d’un trader. À les entendre, le prochain ticket sera le bon. Et pourtant, il ne l’est presque jamais.
Les paris sportifs ont colonisé notre quotidien. Ils s’invitent dans les salons, les bureaux, les pauses café, et même dans les salles de classe. Il suffit d’un téléphone, d’un peu de réseau, et d’un brin d’illusion. Car c’est bien de cela qu’il s’agit ; une illusion de richesse instantanée, d’argent facile, de revanche sociale. Mais derrière les néons des agences et les pubs racoleuses, il y a l’addiction, bien réelle. On commence « pour essayer ». Puis on veut « se refaire ».
Et très vite, on y laisse son argent, son temps, son sommeil. Des salaires disparaissent, des dettes s’accumulent, des familles se déchirent. Mais qui en parle ? L’addiction aux paris n’est pas prise au sérieux, parce qu’elle est invisible. Pas de fumée, pas d’aiguille, pas d’odeur. Juste un compte qui se vide lentement et un esprit qui s’obsède. Le jeu devient une religion, le ticket un totem. Alors, à toi qui paries chaque jour : es-tu encore joueur ou déjà prisonnier ? Et si le vrai gain, c’était de savoir dire stop ?