Hugues Heumen Tchana, directeur du Musée national du Cameroun depuis 2020, est décédé dans la matinée du jeudi 9 octobre 2025 à l’Hôpital général de Yaoundé, des suites de maladie. Il avait 48 ans.
Né le 17 octobre 1976 à Douala, Hugues Heumen Tchana avait voué sa vie à la protection et à la valorisation du patrimoine matériel et immatériel du Cameroun. Entré à la tête du Musée national en février 2020, il y impulsa une véritable dynamique de modernisation : rénovation des expositions, digitalisation des archives, ouverture d’ateliers pédagogiques pour les jeunes et mise en valeur des œuvres régionales.
Homme de terrain, il parcourait sans relâche le pays à la recherche d’objets d’art oubliés, convaincu que « chaque masque, chaque sculpture raconte une part de notre âme collective ».
Un intellectuel visionnaire et respecté
Titulaire d’un doctorat en gestion du patrimoine culturel, Heumen Tchana appartenait à l’élite intellectuelle africaine. Avant de diriger le Musée, il fut enseignant-chercheur à la Faculté des arts, lettres et sciences humaines de l’Université de Maroua et coordonnateur du secrétariat technique du Comité interministériel de rapatriement des biens culturels camerounais illicitement exportés.
Membre du Conseil international des musées (ICOM) et du Réseau des experts en développement de l’Afrique centrale (Redac), il plaidait pour une diplomatie culturelle forte et solidaire. Ses publications sur la muséologie africaine et la valorisation des collections communautaires font aujourd’hui référence. À Dakar, lors d’un colloque en avril 2023, il déclarait : « La restitution des biens culturels n’est pas qu’une affaire du passé. C’est une question d’identité, de dignité et d’avenir pour nos nations. » Des mots prémonitoires qui résonnent désormais avec une force particulière.
Un héritage durable
Sous sa direction, le Musée national avait accueilli des expositions majeures, dont « Les Arts au cœur des traditions africaines », qui avait redonné vie à des collections longtemps négligées. En 2019, il avait également dirigé un inventaire général du patrimoine culturel dans les régions du Nord et de l’Extrême-Nord, et formé des dizaines d’enquêteurs et de conservateurs.
Élevé en décembre 2021 à la dignité de chevalier de l’Ordre du Mérite camerounais pour les Arts et la Culture, il préparait au moment de son décès une conférence internationale sur la préservation du patrimoine immatériel. Le gouvernement camerounais a annoncé un hommage national en mémoire de celui que beaucoup décrivent comme « un bâtisseur de la mémoire nationale ».