Un simple selfie a suffi à faire basculer sa vie. Critiquée pour son apparence, l’avocate zambienne Naomi Pilula a refusé de céder aux injonctions esthétiques. En quelques semaines, elle est devenue une figure du body-positive en Afrique et au-delà.
Un lundi de juin 2025, Naomi Pilula, 37 ans, poste une photo d’elle sur Instagram. En légende : « Happy Monday ». Rien de spectaculaire, si ce n’est les réactions : plus de 500 000 commentaires affluent en quelques jours. La majorité se concentre sur son nez, jugé « trop grand », « disgracieux », « laid » certains allant jusqu’à suggérer une chirurgie esthétique. Un cyber-lynchage en règle. Là où beaucoup auraient effacé la photo ou disparu des réseaux, Naomi choisit une autre voie. « Je ne suis pas une personne esthétiquement belle… et c’est OK », affirme-t-elle sur son prochain post. Plus encore, elle revendique cet héritage paternel : « Pourquoi voudrais-je supprimer un trait qui m’identifie à mon père ? ». Sa réponse fait mouche : la Zambienne transforme la honte qu’on voulait lui imposer en « fierté assumée » Née cadette d’une fratrie de sept enfants, Naomi a toujours été confrontée aux normes contradictoires.
Plus mince que ses sœurs, elle entendait : « Mange, remplis-toi », car là d’où elle vient, la rondeur symbolise la beauté. Plus tard, en Australie puis en Nouvelle-Zélande, elle découvre les standards eurocentrés qui valorisent la minceur et les traits fins. Entre deux continents, Naomi apprend à naviguer entre des injonctions opposées, sans jamais trouver grâce aux yeux des autres. Sa foi chrétienne devient un ancrage pour elle. Naomi cite souvent le Psaume 139 : « Si Dieu m’a conçue de cette manière, qui suis-je pour rejeter cela ? ». Comme Joseph dans la Bible, dit-elle, ce que les autres voulaient utiliser pour l’anéantir s’est transformé en tremplin. Depuis ce fameux selfie, son compte Instagram est passé d’environ 1 000 abonnés à plus de 20 000. Ses publications restent à son image : selfies sans filtre, bribes de vie quotidienne, aucune mise en scène.
Ce naturel, paradoxal dans l’univers ultra-polissé des réseaux, séduit une communauté grandissante. La vague de soutien a franchi les frontières. Début septembre, l’influenceuse kényane Maureen Waititu la qualifie de « reine authentique » sur Instagram. Certains médias évoquent même une invitation prochaine à la Fashion Week de Paris. Vérification faite : aucune source officielle ne confirme pour l’instant cette rumeur. Quoi qu’il en soit, Naomi Pilula est déjà une icône malgré elle. Celle d’une génération qui, face aux diktats de la beauté, choisit d’assumer ses traits, son histoire, sa différence.