Le 24 septembre dernier, le Ministre de l’Éducation de base, Pr Laurent Serge Etoundi Ngoa, a publié un communiqué interdisant strictement l’usage des manuels scolaires non agréés ou piratés dans les établissements publics et privés.
Sur le terrain, l’usage de manuels piratés ou non agréés demeure courant, aussi bien dans les écoles urbaines que rurales. Lors de visites dans certains établissements à Yaoundé, nous avons constaté que, malgré les avertissements, beaucoup d’élèves continuent d’utiliser ces ouvrages. Le prix « élevé » des manuels agréés, souvent hors de portée pour de nombreuses familles, pousse enseignants et élèves à recourir à ces alternatives illégales.
Selon plusieurs libraires, les manuels piratés représentent jusqu’à 60 % des ventes dans certaines zones. Un libraire confie : « Les parents préfèrent acheter ces livres moins chers, même s’ils savent qu’ils ne sont pas officiels. C’est une question de moyens. » L’enquête révèle une chaîne complexe autour de ce commerce parallèle. Imprimeurs clandestins, revendeurs informels, et même certains établissements peu scrupuleux contribuent à la diffusion massive de ces manuels.
Derrière cette économie informelle se cachent aussi des intérêts commerciaux, au détriment de la qualité de l’éducation. Les éditeurs officiels peinent à imposer leurs ouvrages face à cette concurrence déloyale.
L’usage de manuels non agréés n’est pas sans conséquences. Ces ouvrages contiennent souvent des erreurs, des informations obsolètes, voire des contenus inadaptés au programme officiel. Plusieurs enseignants alertent sur le fait que cela peut fausser les apprentissages et creuser les inégalités entre élèves. « Les manuels piratés peuvent induire en erreur, surtout quand ils ne suivent pas le curriculum. Cela fragilise la réussite des élèves », déclare un inspecteur pédagogique. Face à cette situation, les autorités tentent de renforcer le contrôle, mais les moyens manquent encore pour assurer une application rigoureuse des interdictions. Les solutions avancées incluent la baisse des prix des manuels agréés, la production locale, et une meilleure sensibilisation des parents et enseignants. La récente décision ministérielle est donc un premier pas, mais son succès dépendra surtout d’un engagement concerté entre le gouvernement, les acteurs éducatifs, et la société civile.