Dans les rues de la cité capitale, ce phénomène prend de plus en plus de l’ampleur. Entre enfants en haillons, femmes avec bébés, la prolifération des mendiants crée un climat de malaise et de méfiance, alimentant rumeurs et suspicion.
Munis de petits bols en inox ou en plastique, des enfants âgés de 3 à 10 ans profitent du feu rouge pour s’agglutiner autour des taxis, espérant recevoir quelques pièces des passagers à bord. Mais la plupart repartent bredouilles dès que le feu passe au vert. Leurs parents, assis à même le sol sur des nattes, observent la scène avec résignation. Vêtus de vêtements usés, pieds nus, certains enfants portent même leurs cadets sur le dos. C’est le triste spectacle observé ce 6 août au lieu-dit « Warda ». Un autre enfant court vers un piéton en lançant : « Tonton, s’il te plaît, j’ai faim », mais ce dernier reste indifférent aux supplications.
« Avant, je donnais sans hésiter une pièce à chaque mendiant que je croisais. C’était un geste naturel, presque automatique. Mais au fil du temps, j’ai entendu trop d’histoires inquiétantes. Aujourd’hui, je n’arrive plus à donner, par peur que ça se retourne contre moi », confie Lucrèce, étudiante. Pour Ingrid, ce n’est pas tant le fait d’aider qui pose problème, mais la pratique elle-même. « Il m’est déjà arrivé de tendre une pièce à un enfant, mais je pense que mendier dans la rue n’est pas une bonne chose.
Les parents ne devraient plus exposer leurs enfants à tant de dangers. La rue est trop risquée, surtout avec les personnes mal intentionnées », explique-t-elle. La mendicité est pourtant réprimée par la loi. L’article 245 du Code pénal précise : « Est puni d’un emprisonnement de quinze jours à six mois, celui qui, ayant des moyens de subsistance ou pouvant se les procurer par le travail, sollicite la charité ». Une position que partagent de nombreux citoyens. « Moi, je ne donne pas. J’ai souvent marché faute de 50 francs pour le taxi, donc je sais ce que c’est. Mais avec toutes les rumeurs sur la sorcellerie ou les arnaques, on ne sait plus à qui faire confiance », déclare Éric, entrepreneur.