Réussir en cours ne dépend pas toujours du travail fourni. Sur certains campus, il suffit parfois de savoir négocier.
« Des oranges juteuses. » C’est ce qu’une étudiante promettait à un professeur pour obtenir une note supérieure à 15 et valider son unité. Faute d’argent, elle avait trouvé un moyen… pour le moins original. Cette anecdote, racontée sous anonymat par un professeur de français, illustre un phénomène qui dépasse cette seule classe : sur certains campus, obtenir de bonnes notes peut parfois se négocier plutôt que se mériter.
Marie-Orthence Nga, étudiante en droit confie : « moi personnellement j’ai déjà vu des camarades offrir des téléphones ou des repas pour passer certaines matières ou pour effacer les absences ». Ces pratiques trouvent leurs racines dans plusieurs facteurs. La pression pour valider rapidement les unités pousse certains étudiants à chercher des raccourcis. Une étudiante en lettres modernes anglaise explique : « lorsque j’étais en train de soutenir mon maître de thèse m’avait clairement fait comprendre que réussir dépendait de ce que j’étais prête à offrir ».
À cela s’ajoute la question de la moralité et des conditions des enseignants. Certains, mal intentionnés ou confrontés à des difficultés financières, peuvent être tentés d’accepter des arrangements informels pour arrondir leurs revenus. Les conséquences se font sentir rapidement. Pour ceux qui refusent de participer à ces arrangements, la frustration s’accumule. Ceux qui profitent du système bénéficient d’un avantage injuste. « Moi je fais de mon mieux pour travailler honnêtement, mais je vois aussi d’autres étudiants passer grâce à des arrangements. C’est décourageant parce qu’à un moment on se dit à quoi bon faire des efforts quand d’autres réussissent si facilement.
L’école ici n’est pas basée sur la méritocratie », raconte Joseph Mbeng étudiant en économie. Le système universitaire lui-même en pâtit : la crédibilité des diplômes est fragilisée, l’équité académique compromise et la confiance dans l’éducation érodée. Pour limiter ces dérives, certaines universités pourraient mettre en place des dispositifs de signalement et de sanction.
La majorité des étudiants interrogés sur le sujet recommandent de renforcer la transparence des critères de notation, de sensibiliser étudiants et enseignants à l’intégrité académique et d’instaurer des mécanismes de contrôle plus stricts, comme des évaluations anonymes. Sans ces mesures, le phénomène risque de perdurer et de continuer à fragiliser le système éducatif.