Arriver à Yaoundé pour étudier n’est pas une mince affaire. Logement, transport, langue à apprivoiser : la première année des étudiants étrangers se transforme vite en véritable parcours du combattant.
« Quand j’ai quitté l’aéroport de Nsimalen, je ne connaissais personne et j’étais venue seule. Il était prévu que j’aille vivre dans un résidence à Bastos mais sur place la résidence n’existait même pas », se souvient Singfa Pallaye, 22 ans, originaire du Tchad. C’était il y a un an. Comme beaucoup d’étudiants étrangers venus tenter leur chance au Cameroun, elle s’imaginait que tout serait simple : trouver une chambre, s’exprimer facilement, s’intégrer vite.
La réalité fut tout autre. Ce soir-là, livrée à elle-même, elle erre un moment sans savoir où aller. Elle tente d’expliquer son besoin, mais son français approximatif complique les choses. « Personne ne comprenait vraiment ce que je voulais dire et moi-même je ne comprenais pas très bien le français », confie-t-elle. Finalement, au détour d’une rencontre, elle supplie une femme de l’héberger. « Oui mais tu dormiras dehors ».
Singfa accepte, faute de mieux. Résultat : sa première nuit au Cameroun se passe sur une natte posée à même le sol, avec pour plafond le ciel étoilé de Yaoundé et pour voisins quelques moustiques. Le lendemain, son oncle installé à Ngaoundéré fait le déplacement vers Yaoundé. Avec son aide, elle finit par trouver un petit appartement du côté du Cradat, juste derrière la cité universitaire de Yaoundé I.
Les galères du transport
Si Singfa a gardé de sa première nuit camerounaise un souvenir digne d’un sketch, d’autres étudiants étrangers ont eux aussi appris à leurs dépens que la vie d’un étudiant étranger n’est pas un terrain facile. Mimi Gossini, 24 ans, étudiante congolaise, en sait quelque chose. Pour elle, le véritable baptême du feu a été : le transport. « Le premier jour où j’ai voulu aller en cours, j’ai levé la main pour arrêter un taxi. Il s’est arrêté, j’ai dit château Ngoa Ekele le chauffeur a secoué la tête et il est reparti. Le deuxième taxi pareil. Au troisième, j’ai cru que c’était bon, mais il a embarqué trois autres personnes avant moi, et moi je me suis retrouvée coincée sur une moitié de siège. À Brazza ce n’est pas comme ça. Il y a beaucoup plus les taxis individuels», raconte-t-elle.
À Yaoundé, le système des taxis partagés surprend souvent les nouveaux venus. Pas de compteur, pas d’itinéraire fixe par personne : il faut crier sa destination à la volée et espérer que le chauffeur accepte. Et même dans ce cas, la négociation du tarif reste un art à part entière. « Un jour, j’ai donné 1 000 francs pour une course qui coûtait à peine 300. Depuis, je demande toujours aux camarades avant de monter », conclut Mimi.