Elles offrent un large éventail de livres à petits prix, elles facilitent également l’accès à la lecture pour de nombreux jeunes amoureux de savoir, dans un contexte où les ouvrages restent souvent couteux et peu accessibles.
Sur les trottoirs ensoleillés de la Poste centrale à Yaoundé, des dizaines de livres, parfois délabrés, avec une hygiène douteuse, mais soigneusement alignés à même le sol ou sur des bâches usées, attirent le regard des passants. Romans, manuels scolaires, dictionnaires, recueils religieux ou encore ouvrages de développement personnel… le choix est vaste. Ces librairies de fortune, installées dans un ballet permanent de vendeurs et de lecteurs curieux, offrent un accès simple et peu coûteux à la lecture, dans un contexte où les librairies classiques demeurent inaccessibles pour beaucoup.
Les livres sont généralement disposés en petits tas par catégorie ou par auteur, certains protégés par des feuilles plastiques contre la poussière. D’autres, plus anciens, montrent des signes d’usure mais restent prisés pour leur rareté ou leur utilité académique. « Je trouve ici des livres à 1000 ou 2000 francs, alors qu’ils coûtent plus de 10 000 en librairie. Pour un étudiant comme moi, c’est une aubaine. Tous mes livres, je les achète au poteau », déclare Fabrice, étudiant en lettres modernes françaises à l’Université de Yaoundé I.
Les prix convainquent
Josiane, une fidèle cliente, souligne également la diversité des titres. « Chaque fois que je passe ici, je découvre de nouveaux ouvrages. J’ai constitué presque toute ma bibliothèque personnelle grâce à ces vendeurs ambulants ». Derrière chaque étal, un vendeur passionné, souvent autodidacte, conseille les acheteurs, oriente les plus indécis et partage parfois quelques anecdotes sur les livres. « Quand tu arrives chez nous, au poteau, tu trouves presque tout.
Chaque client présent devant moi a sa particularité. Pour la simple lecture, on leur recommande des romans. Il y a ceux qui viennent pour les livres politiques. C’est le poteau… le poteau reste le poteau. Tu peux acheter un livre au poteau à 1000 francs alors que ce livre coûte 10 000 Fcfa, ou 15 000 Fcfa en libraire. Mais aussi, cela dépend de combien le vendeur a pris ce livre », déclare Pascal O, libraire de fortune. « Je suis dans les livres depuis plus de 15 ans. Je suis allé à l’école, je n’ai pas eu la chance d’avoir un bon boulot.
J’ai eu la passion dans la lecture. Subitement, je me suis mis dans la vente des livres. Pour moi, en vendant les livres, c’est d’abord une passion que j’ai en moi. Ça me permet de me cultiver personnellement. C’est pour mon bien-être », poursuit-il. Ces vendeurs sont abonnés à certaines librairies, mais fonctionnent beaucoup avec des échanges de livres. Ces librairies informelles jouent ainsi un rôle essentiel dans la démocratisation du savoir, en rendant les livres accessibles au plus grand nombre, malgré les conditions précaires d’exposition.