Pour certains, il est l’illustration du désespoir d’une catégorie de fonctionnaires laissés pour compte. Mais son cas, s’il n’a pas trouvé d’issue favorable dans les urnes ou au tribunal, pourrait alimenter de nouveau le débat sur la situation de l’enseignant au Cameroun.
À 60 ans, Léopold Bessiping ne renonce pas. Né en octobre 1964 à Banjoun, il est diplômé en mathématiques de l’Université de Yaoundé et ancien élève de l’École normale supérieure. Professeur titulaire de catégorie A2, il a longtemps servi dans l’Extrême-Nord avant d’être affecté dans l’Ouest. Il dit avoir pris sa retraite en novembre 2024, bien qu’il continue à exercer comme surveillant général au lycée de Penka-Michel, faute de remplaçant. Sa vie n’a pas été épargnée par les épreuves.
Il raconte avoir été victime d’une tentative de meurtre par son bailleur, apparemment manipulé par des adversaires politiques. Réfugié dans un hôtel, il finit par regagner son poste, mais reste marqué par ce traumatisme. Chrétien catholique, marié et père de deux enfants, il se dit inspiré par Dieu et convaincu que sa cause finira par triompher. Bessiping n’a pas été retenu pour la présidentielle, mais il est devenu un phénomène sur les réseaux sociaux. Pour certains, il est l’illustration du désespoir d’une catégorie de fonctionnaires laissés pour compte. Pour d’autres, un homme isolé en quête de reconnaissance.
Mais tous s’accordent sur un point : à travers lui, c’est la question de la condition des enseignants au Cameroun qui refait surface. Son cas, s’il n’a pas trouvé d’issue favorable dans les urnes ou au tribunal, pourrait alimenter le débat sur la gestion des ressources humaines dans la fonction publique. Bessiping Léopold, figure atypique du scrutin 2025, aura au moins réussi une chose : rappeler que l’injustice administrative peut pousser des citoyens ordinaires à emprunter des chemins extraordinaires.