L’oisiveté, dit-on, est la mère de tous les vices. Chez beaucoup de jeunes aujourd’hui, elle devient un terreau fertile pour une école parallèle : celle de la rue. Une école sans tableau, sans cahiers, mais dont les leçons marquent à vie. Là, on apprend la débrouille, la défiance envers l’autorité, parfois la violence comme moyen d’expression ou de survie. Pourquoi tant de jeunes se laissent-ils happer par cette école de fortune ? D’abord, par absence d’alternatives. Le manque d’activités culturelles, sportives ou professionnelles dans certains quartiers crée un vide. Et dans ce vide, la rue se charge de l’éducation. Elle offre un sentiment d’appartenance, une reconnaissance que ni l’école traditionnelle ni la société n’accordent toujours.
Loin de stigmatiser, il faut comprendre. L’oisiveté des jeunes n’est pas un choix, mais souvent le résultat d’un abandon silencieux. Le chômage, l’échec scolaire, l’absence de figures positives ou de perspectives d’avenir les laissent sans cap. Et lorsqu’on n’a rien à perdre, on devient vulnérable à toutes les influences. Il est urgent de réagir. Investir dans l’éducation, mais aussi dans l’encadrement hors des murs scolaires. Redonner du sens aux parcours, valoriser les talents invisibles, créer des espaces où les jeunes peuvent s’exprimer, apprendre, construire. L’école de la vie ne doit pas être celle de la rue, mais celle de l’espoir. Car un jeune occupé, responsabilisé, valorisé, est un citoyen en devenir. Ignorer cela, c’est condamner une génération à se former dans l’ombre.