Derrière certaines de ces rencontres se structurent comme de véritables associations, avec leurs règles, leurs habitudes et leur organisation bien rodée.
Après le match, on se regroupe à l’ombre. On parle des potins du quartier et on « coupe une » en partageant le fameux bouillon de l’après match. Rodrigue, un habitué du 2-0 au stade Malien d’Anguissa confie, le sourire aux lèvres « On ne se l’avoue pas mais je crois que chacun vient surtout pour passer du temps entre amis plus que pour jouer au ballon. Nous sommes des frères, y a des jours bons, d’autres moins.
Mais une chose est sure, on est tous là à chaque match », il ajoute « Quand quelqu’un est malade, les gars passent le voir. Si tu perds un proche, tout le monde cotise et t’assiste. Et quand il y a un évènement, on est là aussi. C’est vraiment une famille ». Le « 2-0 » n’est plus seulement un jeu.
C’est un espace de fraternité où chaque passe, chaque rire construit un lien. Certains vont même plus loin en mettant en place des tontines. « Je suis le trésorier. L’idée est née après trois ans, on s’est rendu compte qu’on passait énormément de temps ensemble, sur et en dehors du terrain. Alors autant créer quelque chose qui aide chacun d’entre nous. La vie ce n’est pas que les bières » explique Giovanny, un autre habitué
A l’origine
A la question de savoir d’où cette habitude vient et pourquoi on la nomme le 2-0, les réponses sont floues. Chaque adepte dit avoir trouvé les choses comme ça et être tombé dans le bain, tout simplement. Mais les plus anciens ont une esquisse de réponse.
La pratique serait née dans les années 1970-1980 de façon informelle, le 2-0 s’est imposé dans les quartiers comme un rituel dominical au point d’être devenu une véritable tradition. Quant à son appellation certains l’expliquent ainsi : lors d’une des premières rencontres de ce type, le score fut de « 2-0 » alors le nom fut juste adopté, comme pour dire « battu 2 buts contre 0 » un écart plutôt considérable.
Le 2-0, c’est donc bien plus que du football. C’est la preuve que même sur un terrain poussiéreux, il est possible de bâtir des liens solides et durables. Une communauté en miniature où le sport n’est que le prétexte à l’essentiel: être ensemble.